CONTRIBUTIONS POUR UNE ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT HUMAIN

Olivier Rocca
96 min readApr 16, 2024

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  1. PRESENTATION

https://www.wtf.tw/ref/max-neef.pdf

Le document “Human Scale Development” de Manfred Max-Neef propose une réflexion générale pour une économie des besoins. Cette réflexion repose sur plusieurs postulats et principes fondamentaux qui guident une nouvelle vision du développement et de la satisfaction des besoins humains. Les idées centrales peuvent être résumées comme suit :

Postulats Fondamentaux

  1. Les besoins humains sont universels et constants : Contrairement à l’idée que les besoins humains changent continuellement, le document propose que les besoins fondamentaux sont finis, peu nombreux, et classifiables. Ces besoins sont les mêmes à travers toutes les cultures et toutes les périodes historiques.
  2. Les besoins humains sont interdépendants et interactifs : Les besoins ne sont pas isolés les uns des autres mais forment un système où ils sont tous connectés. Cette interdépendance signifie qu’aucun besoin n’est plus fondamental ou prioritaire que les autres, et que leur satisfaction doit être envisagée de manière holistique.
  3. La distinction entre les besoins et les satisfacteurs : Il est crucial de distinguer les besoins eux-mêmes des moyens par lesquels ils sont satisfaits (les satisfacteurs). Les besoins sont constants et universels, tandis que les satisfacteurs peuvent varier considérablement selon les cultures, les périodes et les contextes sociaux.

Principes Fondamentaux

  1. Le développement à échelle humaine : Le développement doit se concentrer sur la satisfaction des besoins humains fondamentaux et promouvoir une croissance qui est à la fois soutenable et équitable. Cela implique une réorientation du développement vers les personnes plutôt que vers l’accumulation de capital ou de biens matériels.
  2. La qualité de vie est déterminée par la possibilité de satisfaire les besoins fondamentaux : La qualité de vie ne doit pas être uniquement mesurée en termes de revenu ou de biens consommés, mais plutôt en termes de satisfaction effective des besoins fondamentaux de tous les individus.
  3. L’autosuffisance : Le document met en avant l’importance de l’autosuffisance, c’est-à-dire la capacité des communautés et des individus à répondre à leurs propres besoins en utilisant des ressources locales de manière durable, réduisant ainsi leur dépendance envers des systèmes extérieurs.
  4. La participation et l’empowerment : La participation active des individus et des communautés dans le processus de développement est essentielle. Les personnes doivent être les protagonistes de leur propre développement, plutôt que de simples bénéficiaires de décisions prises ailleurs.
  5. La création de satisfacteurs synergiques : Encourager le développement et l’adoption de satisfacteurs qui sont capables de répondre simultanément à plusieurs besoins, générant ainsi des synergies positives et renforçant le bien-être général.

En résumé, “Human Scale Development” propose une approche radicalement différente du développement, qui met l’accent sur la satisfaction holistique des besoins humains fondamentaux, l’autosuffisance, la participation active, et la création de conditions de vie qui favorisent le bien-être et l’épanouissement pour tous. Ces principes visent à guider la construction de sociétés plus justes, durables et équilibrées et fournissent pour la première fois un modèle alternatif et crédible aux idéologies du capitalisme et du communisme.

2. ANALYSE

Question 1

Quelle est la classification des besoins humains ?

Quel rôle donne-t-on à l’auto-suffisance ?

Pourquoi parle-t-on de scalabilité dans ce document ?

D’après le document “Human Scale Development” de Manfred Max-Neef, Antonio Elizalde et Martin Hopenhayn, l’autosuffisance est considérée comme un pilier central du développement à échelle humaine. Ce concept renvoie à la capacité des communautés et des individus de répondre à leurs besoins fondamentaux par eux-mêmes, en exploitant leurs ressources locales de manière durable et en minimisant leur dépendance vis-à-vis des systèmes extérieurs ou globaux. L’autosuffisance favorise l’indépendance économique, la résilience et la durabilité des communautés en leur permettant de contrôler leur propre développement et de le diriger de manière qui reflète leurs valeurs et leurs besoins spécifiques.

En ce qui concerne la classification des besoins humains, le document propose une systématisation innovante qui repose sur une distinction claire entre les besoins et les satisfacteurs de ces besoins. Les auteurs identifient neuf besoins fondamentaux, qui sont universels, invariants à travers le temps et les cultures, et interconnectés au sein d’un système. Ces besoins sont :

  1. Subsistance : la survie physique et la santé.
  2. Protection : la sécurité, l’adaptabilité et la capacité de se protéger.
  3. Affection : l’amour, la famille, l’amitié, l’appartenance à un groupe.
  4. Compréhension : le sens, la curiosité, la nécessité de comprendre le monde.
  5. Participation : l’engagement dans la société, la prise de décisions.
  6. Loisirs (Idleness) : le repos, les jeux, la créativité sans but productif.
  7. Création : l’innovation, l’expression personnelle et culturelle.
  8. Identité : la cohérence personnelle et culturelle, la reconnaissance.
  9. Liberté : l’autonomie, les droits, la volonté propre

La notion de “scalabilité” dans ce contexte se réfère à la capacité d’appliquer les principes du développement à échelle humaine à différents niveaux : individuel, communautaire, national et global. Cela signifie que les concepts de satisfaction des besoins humains et d’autosuffisance peuvent être adaptés et mis en œuvre à diverses échelles, en tenant compte des spécificités locales tout en contribuant à un développement durable et équitable à l’échelle mondiale. La scalabilité permet donc de transposer les principes du développement à échelle humaine à différents contextes et échelles, favorisant ainsi une approche flexible et adaptable du développement.

Question 2

Le document explique-t-il que les besoins doivent être priorisés différemment selon les individus ou les groupes humains ?

Ou insiste-t-il seulement sur le lien organique entre tous les besoins ?

Le document “Human Scale Development” souligne fortement l’interconnexion et l’aspect systémique des besoins humains fondamentaux, plutôt que de prôner une hiérarchisation stricte ou une priorisation uniforme des besoins pour tous les individus. Max-Neef et ses collaborateurs avancent l’idée que tous les besoins humains sont interdépendants et interagissent au sein d’un système. Par conséquent, contrairement à d’autres théories des besoins qui peuvent suggérer une hiérarchie (comme la pyramide des besoins de Maslow), ce document met l’accent sur le caractère simultané et l’égale importance de la satisfaction de tous les besoins fondamentaux.

Il est important de noter que, selon cette approche, bien qu’il n’y ait pas de hiérarchie stricte parmi les besoins, la manière dont ces besoins sont satisfaits — à travers différents “satisfacteurs” — peut varier grandement d’une culture à l’autre, d’un individu à l’autre, et selon les circonstances spécifiques. Cette reconnaissance de la diversité et de la spécificité dans la satisfaction des besoins est fondamentale pour comprendre la flexibilité et l’adaptabilité du modèle de développement à échelle humaine proposé par le document.

En mettant l’accent sur le lien organique entre tous les besoins, le document encourage une approche intégrée et holistique du développement, qui prend en compte la complexité des besoins humains sans les isoler les uns des autres ou sans imposer une priorité prédéfinie qui serait universellement applicable. Cette vision appelle à des stratégies de développement qui sont à la fois flexibles et adaptatives, reconnaissant que les moyens les plus efficaces pour satisfaire les besoins peuvent varier selon les contextes sociaux, culturels et individuels.

En résumé, le document “Human Scale Development” insiste sur le lien organique et le caractère systémique des besoins humains plutôt que sur leur priorisation différenciée, tout en reconnaissant la nécessité d’approches diversifiées et adaptées pour la satisfaction de ces besoins dans différents contextes. C’est en ce sens qu’il propose pour la première fois une approche systémique des besoins humains à toutes les échelles;

Question 3

Que dit ce document précisément sur les satisfacteurs ?

Le document “Human Scale Development” introduit une distinction importante entre les besoins humains et les satisfacteurs. Les satisfacteurs sont définis comme des moyens ou des stratégies à travers lesquels les besoins fondamentaux des êtres humains sont satisfaits. Contrairement aux besoins eux-mêmes, qui sont finis, peu nombreux, et universels, les satisfacteurs peuvent varier considérablement en fonction des contextes culturels, sociaux, et personnels.

Les points clés concernant les satisfacteurs dans le document incluent :

  1. Diversité et variabilité : Les satisfacteurs varient largement d’une culture à l’autre et d’une époque à l’autre. Ce qui fonctionne comme un satisfacteur dans un contexte peut ne pas être pertinent ou efficace dans un autre.
  2. Relation aux besoins : Un seul satisfacteur peut contribuer à la satisfaction de plusieurs besoins en même temps, et, inversement, un besoin spécifique peut nécessiter plusieurs satisfacteurs différents pour être pleinement satisfait.
  3. Non-correspondance univoque : Il n’existe pas de correspondance univoque entre les besoins et les satisfacteurs, soulignant la complexité des dynamiques de satisfaction des besoins dans différentes sociétés.
  4. Impact sur le développement : La manière dont les besoins sont satisfaits (c’est-à-dire, quels satisfacteurs sont employés) a un impact profond sur le développement individuel et collectif. Certains satisfacteurs peuvent être synergiques, favorisant la satisfaction de plusieurs besoins simultanément, tandis que d’autres peuvent être destructeurs ou inhibiteurs, satisfaisant un besoin au détriment d’un autre.
  5. Importance de la contextualisation : La sélection des satisfacteurs doit être contextualisée, tenant compte des spécificités culturelles, environnementales et individuelles pour garantir que la stratégie de satisfaction des besoins soit pertinente et efficace.
  6. Choix des satisfacteurs et développement : Le choix des satisfacteurs reflète et influence les modèles de développement d’une société. Les pratiques de développement doivent donc être réfléchies et adaptées pour soutenir des satisfacteurs qui sont à la fois durables et alignés sur les besoins fondamentaux des êtres humains.
  7. Critique des satisfacteurs dominants : Le document critique les modes de satisfaction des besoins dominants dans les sociétés industrialisées et capitalistes, qui privilégient souvent l’accumulation de biens matériels comme principaux satisfacteurs, au détriment de la qualité de vie et de la satisfaction des besoins humains de manière holistique et durable.

En résumé, les satisfacteurs sont au cœur de la théorie du développement à échelle humaine proposée par Max-Neef et ses collaborateurs. Leur analyse et leur sélection consciente sont cruciales pour concevoir des approches de développement qui favorisent une satisfaction plus intégrale et durable des besoins humains fondamentaux.

Question 4

Le document propose-t-il une classification et une présentation des principaux satisfacteurs ?

Oui, le document “Human Scale Development” propose une classification des besoins humains et suggère des types de satisfacteurs associés à ces besoins, bien qu’il n’offre pas une liste exhaustive ou détaillée des satisfacteurs pour chaque besoin. L’accent est mis sur la manière dont les satisfacteurs peuvent être divers et contextuellement dépendants, reflétant la variabilité culturelle, sociale et individuelle dans la manière de satisfaire les besoins humains fondamentaux.

La classification des besoins humains présentée dans le document comprend les catégories suivantes : Subsistance, Protection, Affection, Compréhension, Participation, Loisirs, Création, Identité, et Liberté Pour chaque besoin, le document souligne que divers satisfacteurs peuvent contribuer à sa réalisation, en fonction des spécificités culturelles et individuelles.

Les auteurs distinguent entre différents types de satisfacteurs :

  1. Satisfacteurs violents : Ceux qui prétendent satisfaire un besoin mais en détruisent d’autres dans le processus.
  2. Satisfacteurs pseudo : Ceux qui donnent l’illusion de satisfaire un besoin, mais qui, en réalité, créent un sentiment de manque ou de vide.
  3. Satisfacteurs inhibiteurs : Ceux qui satisfont un besoin mais limitent ou inhibent la satisfaction d’autres besoins.
  4. Satisfacteurs singuliers : Ceux qui satisfont un besoin spécifique sans influencer significativement d’autres besoins.
  5. Satisfacteurs synergiques : Ceux qui satisfont un besoin tout en contribuant également à la satisfaction d’autres besoins.

Cette classification met en évidence l’importance d’identifier et de promouvoir des satisfacteurs qui sont non seulement efficaces pour satisfaire des besoins spécifiques mais aussi bénéfiques pour le bien-être général de l’individu et de la communauté. Les satisfacteurs synergiques sont particulièrement valorisés car ils soutiennent une vision intégrée du développement humain, où la satisfaction d’un besoin contribue positivement à la satisfaction d’autres besoins.

Le document incite à réfléchir de manière critique à la sélection des satisfacteurs dans les politiques et pratiques de développement, en encourageant des choix qui soutiennent un développement véritablement humain, durable et équitable. Bien qu’il n’offre pas une liste spécifique de satisfacteurs pour chaque besoin, le cadre conceptuel qu’il propose est destiné à guider l’analyse et la mise en œuvre de stratégies de développement centrées sur l’humain.

Question 5

Mais concrètement quels sont ces satisfacteurs ?

Le document “Human Scale Development” de Manfred Max-Neef offre un cadre théorique pour comprendre les besoins humains et leurs satisfacteurs, sans pour autant lister de manière exhaustive des exemples spécifiques de satisfacteurs pour chaque besoin.

Cependant, à partir de la structure proposée par Max-Neef et de la discussion générale sur les types de satisfacteurs (violents, pseudo, inhibiteurs, singuliers, synergiques), on peut déduire ou proposer des exemples concrets de satisfacteurs pour chaque catégorie de besoin humain fondamental identifiée dans le document.

Voici une approche de ce que pourraient être ces satisfacteurs, en gardant à l’esprit que leur applicabilité et efficacité dépendent fortement du contexte socio-culturel, environnemental et individuel :

  1. Subsistance : nourriture saine, logement sûr, accès à l’eau potable.
  2. Protection : systèmes de santé et de sécurité sociale, environnements sûrs et stables, pratiques de prévention des risques.
  3. Affection : relations familiales et amicales fortes, espaces de communauté soutenants, traditions et rituels qui renforcent le sentiment d’appartenance.
  4. Compréhension : éducation accessible et de qualité, liberté d’expression, accès à l’information et à la culture.
  5. Participation : démocratie participative, associations civiques, plateformes de dialogue communautaire.
  6. Loisirs : accès à des activités culturelles et récréatives, temps libre suffisant, espaces publics pour le jeu et la détente.
  7. Création : opportunités pour l’expression artistique et créative, reconnaissance de l’innovation, soutien aux initiatives entrepreneuriales.
  8. Identité : reconnaissance et valorisation de la diversité culturelle, pratiques qui encouragent l’auto-expression, politiques inclusives.
  9. Liberté : droits de l’homme respectés, espaces pour l’autonomie personnelle, législation qui soutient l’autodétermination.

Il est crucial de reconnaître que ces satisfacteurs doivent être adaptés et mis en œuvre de manière à respecter et à renforcer les interconnexions entre les différents besoins humains. Par exemple, un système éducatif (satisfacteur pour le besoin de Compréhension) qui promeut également l’inclusion et la participation (satisfaisant ainsi également les besoins de Participation et d’Identité) serait considéré comme synergique.

Max-Neef encourage à penser de manière critique et créative aux manières dont les satisfacteurs peuvent être conçus et intégrés dans les stratégies de développement, afin de promouvoir un bien-être holistique et durable pour tous les individus et communautés.

La sélection et l’application des satisfacteurs doivent donc être guidées par une compréhension profonde des besoins humains, ainsi que par une appréciation du contexte spécifique, culturel, politique, social et économique dans lequel le développement se déroule.

Question 6

Quelle est l’idée la plus originale de ce document ?

Une idée particulièrement originale et fondamentale présentée dans le document “Human Scale Development” est le concept des satisfacteurs synergiques. Ce concept va au-delà de la simple identification des moyens de satisfaire les besoins humains fondamentaux ; il met en lumière les satisfacteurs qui ont le pouvoir de répondre simultanément à plusieurs besoins, créant ainsi des bénéfices qui se renforcent mutuellement au sein de l’individu et de la communauté.

Les satisfacteurs synergiques sont particulièrement intéressants car ils offrent une perspective novatrice sur la manière de concevoir et d’implémenter des stratégies de développement. Plutôt que de viser la satisfaction isolée de besoins individuels (ce qui peut parfois conduire à des compromis ou à des conflits entre différents besoins), l’approche synergique cherche des solutions intégrées qui optimisent la satisfaction globale des besoins humains.

Par exemple, un projet d’agriculture urbaine peut être considéré comme un satisfacteur synergique parce qu’il :

  1. Subsistance : Fournit une source de nourriture fraîche et saine.
  2. Protection : Améliore la qualité de l’environnement local en réduisant la pollution de l’air et en augmentant les espaces verts, ce qui contribue à un habitat plus sain.
  3. Affection : Renforce les liens communautaires à travers des activités collectives.
  4. Compréhension : Offre des opportunités d’apprentissage sur les pratiques agricoles durables, la nutrition et la santé environnementale.
  5. Participation : Permet aux membres de la communauté de s’impliquer activement dans la gestion et la prise de décision concernant l’espace urbain.
  6. Loisirs : Fournit un espace pour la détente et la connexion avec la nature, même dans un environnement urbain.
  7. Création : Encourage l’innovation dans les méthodes de culture et la conception d’espaces verts.
  8. Identité : Peut aider à développer un sentiment d’appartenance et une culture locale autour de la durabilité et de l’écologie.
  9. Liberté : Offre une alternative aux systèmes alimentaires industriels, permettant aux gens de choisir des voies plus autonomes et durables.

L’idée des satisfacteurs synergiques encourage donc une réflexion holistique et intégrée dans la planification du développement, en soulignant l’importance de solutions qui apportent des bienfaits multiples et interconnectés. Cela représente une rupture significative avec les approches plus traditionnelles et fragmentées du développement et propose une voie vers un futur plus durable et équitable, où les actions entreprises pour répondre à un besoin spécifique peuvent également contribuer positivement à d’autres aspects de la vie humaine et de la communauté.

Question 7

Quelle autre idée intéressante pourrait être extraite du document ?

Un concept original et central du document “Human Scale Development” est celui des “Satisfacteurs destructeurs” (ou “violents”), qui complète l’approche du développement centrée sur les besoins humains et les satisfacteurs. Ce concept est crucial pour comprendre comment certaines approches apparemment destinées à répondre aux besoins peuvent, en réalité, avoir des effets négatifs et contre-productifs sur les individus et les communautés.

Satisfacteurs destructeurs : Définition et Implications

Définition : Les satisfacteurs destructeurs sont des moyens ou des stratégies qui prétendent répondre à un besoin spécifique mais qui, en réalité, empêchent la satisfaction d’un ou plusieurs autres besoins humains fondamentaux. Ces satisfacteurs ont tendance à imposer des solutions qui ne respectent pas la complexité et l’interdépendance des besoins humains, menant souvent à des résultats qui sont en contradiction avec un développement holistique et durable.

Implications : La reconnaissance des satisfacteurs destructeurs met en lumière l’importance d’une analyse critique des méthodes et stratégies de développement. Elle souligne la nécessité d’adopter des approches qui ne se contentent pas de répondre superficiellement ou temporairement à un besoin, mais qui prennent en considération l’ensemble du système des besoins humains, dans le but de promouvoir un développement véritablement intégral et équilibré.

Exemples de Satisfacteurs destructeurs

  • Consommation excessive : Dans les sociétés orientées vers la consommation, l’acquisition de biens matériels est souvent présentée comme un moyen de satisfaire des besoins variés tels que l’estime de soi, l’appartenance ou le loisir. Toutefois, cette approche peut conduire à une forme de satisfaction superficielle qui néglige des besoins plus profonds et contribue à des problèmes environnementaux et sociaux.
  • Urbanisation non régulée : Des projets d’urbanisation qui privilégient la maximisation de l’espace construit sans tenir compte de l’accès aux services essentiels, aux espaces verts ou à la communauté peuvent répondre au besoin de subsistance mais détériorer la qualité de vie, la santé et les relations sociales.

Approche Recommandée

Pour éviter les satisfacteurs destructeurs, le document recommande :

  • Évaluation intégrale : Avant la mise en œuvre de tout projet ou politique, une évaluation complète de ses impacts potentiels sur l’ensemble des besoins humains fondamentaux doit être réalisée.
  • Participation communautaire : Les communautés affectées doivent être impliquées dans le processus de décision pour s’assurer que les solutions adoptées sont réellement en adéquation avec leurs besoins et aspirations.
  • Flexibilité et adaptation : Les stratégies de développement doivent être suffisamment flexibles pour s’adapter aux contextes locaux spécifiques, évitant ainsi des solutions uniformes qui ne prennent pas en compte la diversité des conditions et des besoins.

Le concept de satisfacteurs destructeurs invite à une réflexion plus profonde sur les stratégies de développement et sur la manière dont elles influencent réellement le bien-être des personnes. Il souligne l’importance de repenser les approches traditionnelles du développement pour favoriser des solutions qui sont non seulement efficaces mais aussi durables et respectueuses de la complexité des besoins humains.

3. BESOINS

Les textes qui suivent regroupent un ensemble de réflexions sur les concepts clefs que nous inspire la lecture du document “Human Scale Development”. Nous pensons qu’il est particulièrement sain et stimulant de partir de la notion de besoin réel afin de redéfinir un ensemble de concepts clefs qui fondent aujourd’hui toute l’analyse économique et politique du développement durable et humain.

Dans l’approche proposée par Manfred Max-Neef, les besoins humains fondamentaux sont considérés comme des éléments ontologiques (découlant de la condition de l’être humain), peu nombreux, finis (limités) et classifiables, ce qui les distingue de la notion conventionnelle en économie des « besoins » qui sont infinis (illimités) et jamais satisfaits.

Manfred Max-Neef a établi une liste de 9 besoins fondamentaux qui sont :

  • Subsistance
  • Protection
  • Affection
  • Compréhension
  • Participation
  • Loisir
  • Création
  • Identité
  • Liberté

Comme l’indique le document établi par l’économiste chilien, cette liste est indicative et pas normative ni exhaustive. C’est la raison pour laquelle il nous semble intéressant de compléter cette première liste de 9 besoins fondamentaux par 3 autres besoins fondamentaux qui sont :

  • Justice
  • Nature
  • Transcendance

Le besoin de justice se fonde sur l’établissement de rapports sincères et harmonieux entre les hommes, donc l’abstention de toute forme de violence et d’exploitation humaine, mais aussi la condamnation du secret. Car le secret est ce qui affecte le plus dangereusement les relations entre les hommes, et la manière la plus efficace pour le combattre est la transparence qui consiste à faire les choses ouvertement et au grand jour.

Le besoin de justice résulte de la réaction des personnes devant toutes les iniquités du monde dont elles sont les spectateurs et parfois les victimes. Il se manifeste par un désir de réparation mais également de réconciliation pour améliorer les conditions de subsistance et d’existence de tous ceux qui ont a souffrir des conséquences de décisions inéquitables.

Le besoin de nature chez l’être humain peut être défini comme une tendance innée, désignée par biologiste américain Edward O. Wilson dans les années 1980 sous le terme de “biophilie”, qui reflète le désir profond et instinctif des individus d’être en contact avec le monde naturel.

Le besoin de nature chez l’homme s’exprime par une recherche d’équilibre et d’harmonie avec un environnement qui nourrit son corps, stimule son esprit, et enrichit son expérience sociale.

Les crises écologiques répétées que nous traversons ont montré qu’elles ont un impact psychologique fort sur les gens. Dans cette perspective, la nature n’est pas seulement un cadre de vie à protéger, mais elle représente également un besoin fondamental chez l’être humain.

Le besoin de transcendance est universel et on peut le définir comme l’aspiration de tout être humain à partir à la découverte de son être spirituel. Comme le disait la philosophie grecque, “connais toi toi-même, et tu connaîtra l’univers et les dieux”.

On dispose ainsi d’une liste élargie à 12 besoins fondamentaux que l’on peut présenter dans une matrice à 48 cases en les définissant par les catégories existentielles de l’être, de l’avoir, du faire et de l’interagir.

4. ACTIONS

Avec la liste élargie à 12 besoins fondamentaux, nous sommes en mesure de donner une vision renouvelée de l’approche systémique que Manfred Max-Neef a proposé autour de la définition du besoin.

Dans la plupart des textes de la littérature économique consacrés à la notion de besoins, ceux-ci sont considérés passivement sous l’angle de la privation de biens, de ressources ou de capacités. Or les besoins humains constituent également des potentiels fondamentaux de développement que nous devons associer à ce qui permet de les satisfaire : des actions.

Dans le document de Manfred Max-Neef, il est dit que les besoins fondamentaux sont corrélés à l’avoir, à l’être et au faire. Cette triade est souvent utilisée dans la littérature morale et spirituelle pour symboliser quelque chose capable de répondre à toutes les dimensions constitutives de l’existence humaine. Or nous estimons que cette triade est trop sommaire car elle ne reflète pas précisément les types d’actions spécifiques que l’on pourrait associer de manière pertinente aux 12 besoins fondamentaux.

Véritable baromètre de la satisfaction des besoins humain, le tableau des actions nous montre que l’ensemble des 12 besoins fondamentaux se réalise dans un espace situé entre la double polarité de l’avoir et de l’être.

Il y aurait beaucoup de commentaires à faire sur un tel tableau, mais son mérite premier est de nous montrer, au travers de la liste des 12 actions, que la satisfaction de nos besoins fondamentaux dépend en premier lieu de nous-mêmes bien plus que des autres dans la mesure où chacune des actions dont nous parlons ici est accessible à chacun sans condition.

Dans l’histoire humaine, il est fascinant d’observer comment les religions ont tenté d’inverser certaines valeur en déplaçant les actions liées à la satisfaction des besoins. Ainsi dans la religion chrétienne, il est dit que le besoin de subsistance sera satisfait par le renoncement à l’avoir, car on invite les hommes à se placer sous la protection de Dieu afin d’accéder à la vie éternelle. Cela s’appelle la théorie de divine providence, qui a été majoritairement adoptée dans tout l’Occident chrétien bien avant que l’on invente le concept d’Etat providence qui en est la forme inversée. Ces déplacements possibles au sein des systèmes de valeurs nous montrent combien la satisfaction des besoins est synergétique, et à quel point ceux-ci sont dépendants du contexte socio-culturel dans lequel on se situe.

5. VALEURS

La troisième réflexion que nous souhaitons ouvrir concerne le concept de valeur. On parle souvent de “besoin réel” et de “valeur réelle”, mais personne n’explique ce que signifient concrètement ces notions, d’où elles proviennent et pourquoi on les qualifie de réelles.

Si l’on place le concept de valeur dans le champ de l’analyse systémique de Manfred Max-Neef, nous pourrions dire que la valeur est une notion intermédiaire entre nos potentiels (les besoins) et nos réalisations (les satisfacteurs). Ainsi les valeurs nous confèrent un pouvoir d’agir dans une certaine direction. Dans une telle perspective, nous affirmons que nos valeurs sont le fruit d’une combinaison synergétique de besoins différents.

Associer deux besoins fondamentaux pour former des valeurs constitue une perspective encore peu étudiée sur ce que l’on pourrait appeler une généalogie de la morale. ll s’agit de comprendre de quelle manière les combinaisons synergétiques des besoins humains fondamentaux produisent nos valeurs et nos actions. Voici des formules de création de valeurs à partir de l’association systématisée de deux besoins fondamentaux inspirée des approches de Manfred Max-Neef :

  1. Subsistance x Protection = Sécurité : Un engagement envers un environnement où les besoins élémentaires de survie et de sécurité sont garantis pour tous.
  2. Subsistance x Affection = Solidarité : Valorisation du soutien mutuel et de la compassion dans la quête de bien-être matériel et émotionnel pour soi et pour autrui.
  3. Subsistance x Compréhension = Intelligence : Une prise de conscience de l’importance de l’éducation et du savoir dans l’amélioration des conditions de vie.
  4. Subsistance x Participation = Coopération : Promouvoir une culture de la participation active à la production, à la distribution, à l’utilisation et au recyclage des ressources essentielles.
  5. Subsistance x Loisir = Équilibre : La reconnaissance de la nécessité d’un équilibre entre le travail et le repos pour un développement à l’échelle humaine capable de répondre à tous les besoins.
  6. Subsistance x Création = Inventivité : Encourager l’innovation dans la manière de répondre aux besoins essentiels de la vie.
  7. Subsistance x Identité = Honnêteté : L’importance de maintenir son intégrité personnelle et culturelle dans la quête de subsistance.
  8. Subsistance x Liberté = Autonomie : La capacité de subvenir à ses propres besoins de manière indépendante et libre.
  9. Subsistance x Justice = Équité : Assurer un accès équitable aux ressources nécessaires à la survie pour tous.
  10. Subsistance x Nature = Durabilité : Un engagement envers des pratiques qui garantissent la durabilité des ressources pour répondre aux besoins de subsistance des générations présentes et futures.
  11. Subsistance x Transcendance = Plénitude : La recherche d’une existence qui va au-delà de la simple survie matérielle, vers une satisfaction plus profonde et durable.
  12. Protection x Affection = Bienveillance : La protection des êtres chers comme expression fondamentale de l’amour et de l’affection.
  13. Protection x Compréhension = Prévoyance : La capacité à anticiper les risques grâce à la connaissance et à la compréhension.
  14. Protection x Participation = Cohésion : Se tenir ensemble pour défendre et protéger les droits et le bien-être de tous.
  15. Protection x Loisir = Tranquillité : La création d’un environnement sûr qui permette la détente et le loisir.
  16. Protection x Création = Résilience : Cultiver la capacité à créer des solutions innovantes pour la protection face aux adversités.
  17. Protection x Identité = Souveraineté : La sauvegarde de l’identité culturelle comme élément essentiel de la protection de la communauté.
  18. Protection x Liberté = Autodéfense : La liberté de se protéger, individuellement et collectivement, contre les menaces.
  19. Protection x Justice = Droits : La garantie des droits fondamentaux comme base de la protection contre les abus.
  20. Protection x Nature = Conservation : La protection de l’environnement naturel comme un impératif moral et pratique.
  21. Protection x Transcendance = Sérénité : Chercher un sens et un but dans un cadre de sécurité physique et spirituelle.
  22. Affection x Compréhension = Sagesse : La capacité de comprendre profondément les sentiments des autres.
  23. Affection x Participation = Convivialité : Créer des liens de sympathie et des lieux où l’affection et la participation se renforcent mutuellement.
  24. Affection x Loisir = Joie : Trouver du plaisir et de la joie dans le partage de temps libre avec les êtres chers.
  25. Affection x Création = Inspiration : Être inspiré par l’amour pour créer et exprimer la beauté qui est en nous.
  26. Affection x Identité = Dignité : La considération pour son identité personnelle et culturelle qui inspire la dignité.
  27. Affection x Liberté = Equanimité : Capacité à apprécier les choses libéré de toute agitation ou affliction mentale.
  28. Affection x Justice = Compassion : L’incitation à agir avec justice motivée par un amour infini pour les autres.
  29. Affection x Nature = Harmonie : Vivre en harmonie avec la nature, motivé par un sentiment d’ordre et d’équilibre.
  30. Affection x Transcendance = Amour universel : L’expérience de l’amour qui transcende les limites personnelles et matérielles.
  31. Compréhension x Participation = Engagement éclairé : Participer à la vie communautaire avec une compréhension profonde des enjeux.
  32. Compréhension x Loisir = Curiosité : Utiliser le loisir et le temps libre comme moyen d’exploration et de découverte.
  33. Compréhension x Création = Enthousiasme : Utiliser le besoin de compréhension pour alimenter une créativité joyeuse et pure.
  34. Compréhension x Identité = Auto réflexion : Se connaître profondément pour identifier et éveiller ses capacités propres.
  35. Compréhension x Liberté = Auto détermination : Utiliser les expériences et la réflexion pour forger ses propres choix.
  36. Compréhension x Justice = Mansuétude : Appliquer la compréhension pour pardonner et remettre ses fautes à autrui.
  37. Compréhension x Nature = Mésologie transdisciplinaire : Une compréhension profonde de la nature et de notre place en son sein.
  38. Compréhension x Transcendance = Sagesse religieuse : La poursuite de la connaissance qui mène à une vision transcendante de la vie.
  39. Participation x Loisir = Expérimentation : S’ouvrir à de nouvelles expérience afin d’élargir son champ d’action et de compréhension.
  40. Participation x Création = Cocréation : Travailler ensemble pour générer de nouvelles réalités et solutions utiles aux autres.
  41. Participation x Identité = Expression collective : L’expression de l’identité individuelle et collective à travers la participation active.
  42. Participation x Liberté = Démocratie participative : La liberté d’engagement et de participation dans les processus décisionnels.
  43. Participation x Justice = Courage : S’engager activement dans les choses et témoigner de son expérience avec sincérité et courage.
  44. Participation x Nature = Écocitoyenneté : Participer à la protection et à la préservation de l’environnement naturel.
  45. Participation x Transcendance = Célébration collective : Rechercher ensemble un sens plus profond et un but commun.
  46. Loisir x Création = Développement personnel : L’utilisation du temps libre pour découvrir et cultiver une qualité en soi.
  47. Loisir x Identité = Prendre soin de soi : Trouver des moyens d’expression de soi authentiques et satisfaisants dans le loisir.
  48. Loisir x Liberté = Autonomie récréative : La liberté de choisir comment on passe son temps libre de manière épanouissante.
  49. Loisir x Justice = Modération : S’assurer que tous peuvent prendre des vacances et se déconnecter de leurs activités.
  50. Loisir x Nature = Récréation écologique : Profiter de loisirs qui respectent et célèbrent l’environnement naturel.
  51. Loisir x Transcendance = Contemplation : Utiliser le loisir pour la contemplation et la recherche de significations plus profondes.
  52. Création x Identité = Originalité : La création comme expression unique de l’identité personnelle ou collective.
  53. Création x Liberté = Générosité : la combinaison de la capacité créative avec la liberté conduit naturellement vers une abondance de contributions et de partages bénéfiques.
  54. Création x Justice = Beauté : Lorsque la créativité est juste, elle engendre une beauté qui transcende les aspects esthétiques, reflétant une qualité et une intégrité morale dans le résultat final.
  55. Création x Nature = Génération : S’inspirer de la nature comme dans le biomimétisme pour créer du vivant en abondance partout où cela est possible et même là où cela semble impossible.
  56. Création x Transcendance = Espérance : La création comme voie d’espérance au-delà des difficultés du monde et exploration des dimensions supérieures de l’existence.
  57. Identité x Liberté = Indépendance : La liberté d’exprimer sa propre identité sans crainte dans le respect de l’identité des autres.
  58. Identité x Justice = Reconnaissance : Lutter pour la reconnaissance et le respect de toutes les identités au sein d’une société ouverte.
  59. Identité x Nature = Authenticité : Une vie en harmonie avec la nature qui reflète une identité authentique et enracinée.
  60. Identité x Transcendance = Intégration : La recherche de sa propre identité dans le cadre d’une quête plus large de sens et de connexion.
  61. Liberté x Justice = Structuration : La poursuite de la liberté pour tous dans un cadre cohérent en adéquation avec certains principes.
  62. Liberté x Nature = Epanouissement : Laisser la nature agir librement pour atteindre un état optimal de croissance bénéfique pour tous.
  63. Liberté x Transcendance = Libération : La quête de la liberté comme un chemin vers l’éveil et la réalisation de soi au-delà des limitations.
  64. Justice x Nature = Durabilité écologique : L’intégration de la justice sociale dans la gestion et la préservation des ressources naturelles.
  65. Justice x Transcendance = Justice universelle : La poursuite de principes de justice qui transcendent les contextes culturels et temporels spécifiques.
  66. Nature x Transcendance = Éco-spiritualité : La reconnaissance de la nature comme une source de transcendance et de connexion spirituelle profonde entre tous les vivants.

Dans cette présentation, les valeurs sont des propriétés émergentes qui résultent de la combinaison synergétique d’un couple de besoins fondamentaux. Afin de formaliser ce processus de combinaison synergétique, nous utilisons le symbole de la multiplication et pas le symbole de l’addition. En effet dans le langage des fonctions logiques, l’opérateur ET s’écrit par la multiplication logique. On dira donc :Justice Et Nature forment un ensemble commun que l’on représente par la Valeur de la Durabilité Ecologique. Donc cela s’écrit par la formule : Justice * Nature = Durabilité Ecologique.

Il est assez intéressant d’observer que l’opérateur logique inverse du AND (ET) que l’on appelle NAND (ou Ni ET) est également mentionné dans certains textes moraux et religieux comme un facteur de production de certaines valeurs. Ce qui ressort de tous ces textes est que ce que l’on appelle le Monde Nouveau ou la Nouvelle Valeur se situe toujours au-delà des opposés que nous connaissons et qui nous conditionnent.

01. Naissance et Mort forment un couple et ne sont que le battement de coeur de la vie une qui est au-delà des opposés

02. Rire et pleurer sont des contraires, mais le vrai sourire lui n’a pas de contraire et il est extrêmement rare, presque inconnu

03. Le passé et le futur sont des contraires à l’intérieur du temps, mais l’instant présent est hors du temps car il est éternel

04. Lumière et ténèbres sont des opposés, mais cette lumière et ces ténèbres sont opaques par rapport à la gloire qui rend la matière transparente

05. Des contraires féminin et masculin sort l’enfant terrestre. Mais l’enfant nouveau né sans parents est l’être jamais vu, jamais entendu, il est l’enfant attendu de l’univers qui propulsera l’espèce humaine sur un autre niveau d’évolution

06. La déesse féminine du matriarcat et le dieu masculin du patriarcat sont des opposés dans les religions anciennes et se succèdent dans le temps, mais l’unique vivant n’est à trouver que dans l’instant présent car il est l’éternellement vivant.

En ce qui concerne l’apprentissage des valeurs qui forment le socle de la conscience collective, il serait souhaitable de laisser les jeunes apprendre la pensée critique, le raisonnement logique, la résolution de problèmes et la création, en utilisant les outils de leur propre intuition et leur connaissance intérieure la plus profonde, plutôt que des règles et les modes de fonctionnement d’une société qui a déjà prouvé qu’elle est totalement incapable de proposer des valeurs réelles, et qui marche même à l’inverse de la plupart des valeurs dont nous savons pourtant qu’elles sont essentielles pour garantir un développement humain. Finalement il s’agit d’enseigner des valeurs (ou concepts) plus que des disciplines séparées du savoir classique.

Si tout notre modèle éducatif se basait sur des valeurs que l’on enseignait aux enfants dès leur plus jeune âge en leur montrant comment les différentes disciplines du savoir procèdent de ces valeurs, alors il serait possible de faire comprendre à la majorité des personnes que tous les savoirs constitués sont en réalité une matérialisation du fonctionnement de notre conscience. Que ce soit dans l’apprentissage de l’écriture ou dans l’arithmétique, dans l’histoire ou dans les sciences naturelles, il serait intéressant de révéler les différentes valeurs permettant à ces disciplines de se constituer.

Voir à ce sujet le texte de S. Mendelbrojt : Pourquoi je fais des mathématiques ?

http://www.numdam.org/item/CSHM_1985__6__47_0.pdf

6. PERSONNALITE

La liste des 12 besoins fondamentaux établie à partir du travail de Manfred Max-Neef possède une correspondance étonnante dans les sciences psychologiques et cognitives avec la structure ternaire du bonheur proposée par le professeur américain Robert Cloninger.

Après des années d’études expérimentales, le professeur Cloninger a établi que le bonheur est une construction du caractère qui repose sur trois piliers fondamentaux : l’auto-détermination, la coopération, et la transcendance. Ces trois concepts sont très proches sémantiquement de la façon dont nous définissons la réflexivité (ou détermination), la réciprocité (ou coopération) et la transitivité (ou transcendance).

- La dimension Détermination (SD pour Self-Directedness) décrit le niveau de maturité et d’autonomie individuelle, ainsi que la capacité du sujet à réguler son comportement pour le mettre en conformité avec ses propres objectifs et valeurs de vie. Des analogies peuvent être faites avec la « force de caractère » voire avec la « force du Moi ». L’auto-détermination est le principe de réflexivité ou rapport à soi-même.

Partant de l’idée négative qu’il y a du non-être dans l’humain, nous posons l’idée que ce manque d’être permet à chacun de faire le choix entre la pire ou de la meilleure version de lui-même.

- La dimension Coopération (C pour Cooperativeness) décrit le degré de maturité et de prise de conscience sociale de l’individu. Elle correspond à l’acceptation des contraintes collectives, par une aptitude au don, au partage, à l’échange, et se traduit par des attitudes tolérantes, généreuses, empathiques et fraternelles. Cette dimension de coopération correspond à ce que nous appelons la réciprocité.

Partant de l’idée négative du constat d’une absence de liens dans la société, nous partons de l’idée que ce manque de liens permet à chacun de faire le choix entre la coopération ou la compétition.

- La dimension Transcendance (ST pour Self-Transcendence) décrit le degré de maturité spirituelle lié à la profondeur de l’introspection, de l’intériorisation, de l’incarnation, de la présence, et tente de rendre compte des pratiques de méditation, de prière et d’extase de certains individus. La dimension de transcendance possède une correspondance profonde avec la transitivité qui définit la capacité à établir des relations lointaines et pas seulement des relations proches, ou à considérer les relations lointaines comme proches.

Partant du constat d’une absence de vie et d’esprit dans le monde, nous partons de l’idée que ces manques de vie et d’esprit permettent à chacun de faire le choix entre une vie matérialiste ou une vie spirituelle.

Chacun des trois choix est un choix créateur car il se fonde sur un état de souffrance lié à une absence, une privation ou un manque de certaines choses dont on connaît l’importance pour chacun. Comme si le vide était créateur et que la façon dont nous répondons à ce vide souvent insupportable déterminait notre façon de façonner la vie.

Le vide est une potentialité qui s’actualise en fonction de nos choix. Partout où il y a du vide, c’est pour que la raison puisse disposer de l’espace suffisant pour procéder aux choix qui produisent notre chemin.

Le vide est une indétermination vivante qui demande à être déterminée dans la forme que nous voulons lui donner pour construire la vie qui correspond à ce que nous désirons réaliser à trois niveaux : Je, Tu et Il.

Nous pouvons associer les concepts de [réflexivité — détermination], de [réciprocité — coopération] et de [transitivité — transcendance] aux trois personnes : le « Je », le « Tu » et le « Il ». Le « Il » joue ici le rôle de tiers inclus. On pourra méditer sur un monde sans transcendance qui est un monde qui échoue à inclure le tiers, ainsi que sur un monde matériel essentiellement binaire.

Comme le disent les Evangiles, « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi ». Autrement dit, il faut partir du « Je » pour aller au « Tu », et du « Tu » pour espérer accéder au « Il ». Contrairement aux dieux orientaux qui hypostasient la figure du « Je », le Christ prend la place de l’Autre, du « Tu ». Cet autre souffrant et objet de toutes nos violences et de toutes nos indifférences, c’est le Christ. En ce sens, le message chrétien se différencie profondément de celui des autres religions.

Cette structure ternaire que l’on retrouve dans la plupart des œuvres fondatrices de l’anthropologie est remarquable, car elle évoque autant la structure corps — âme — esprit que la structure individu — société — cosmos, ou encore les trois valeurs du beau — bien — vrai, mais aussi les trois principes divins communs à de très nombreuses religions.

Aujourd’hui plus que jamais, chacun devrait prendre soin de son ternaire, autrement dit n’oublier et ne négliger aucune dimension constitutive d’une vie pleine, entière et réussie. Réaffirmer la prééminence du ternaire sur le binaire (de type corps / esprit, bien / mal, vrai / faux… etc) permet de ne pas s’enfermer dans les oppositions stériles, et cela débouche sur une redécouverte de la grandeur de notre Unité.

C’est la somme de ces trois attitudes ou pratiques qui est susceptible de produire un bonheur durable qui rayonne autour de soi. Retrouver cette leçon de bonheur en période de malheur est un devoir moral.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5320907/

7. ORGANISATION

Existe-t-il une organisation des besoins ? Autrement dit quels sont les rapports qui existent entre les différents besoins ?

Afin de répondre à cette question, nous allons faire référence à la pyramide des besoins de Maslow en la comparant au système de Max-Neef.

Pyramide des besoins de Maslow :

Structure : La hiérarchie de Maslow est généralement représentée sous la forme d’une pyramide à cinq niveaux de besoins, allant des besoins physiologiques les plus élémentaires à la base jusqu’au besoin d’accomplissement de soi au sommet.

Satisfaction séquentielle : Maslow a proposé que les besoins de niveau supérieur ne soient pris en compte que lorsque tous les besoins inférieurs ont été satisfaits. Par exemple, une personne ne cherchera à satisfaire ses besoins d’estime qu’après avoir satisfait ses besoins d’appartenance et d’amour.

Liste incomplète : Maslow a proposé une liste de besoins qui est incomplète. L’accent mis sur l’individu : Le modèle de Maslow est centré sur la croissance psychologique individuelle et la réalisation de soi. Il s’agit d’un document destiné au management des entreprises américaines.

Conclusion : La pyramide des besoins de Maslow est très célèbre et pourtant il s’agit de l’une des plus mauvaises approches sur l’économie du besoin car elle repose sur une vision rigide et archaïque.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins

Système des besoins de Max-Neef :

Egalité des besoins : Le document présente un système de besoins humains interdépendants et interactifs, sans structure hiérarchique stricte. Cela suggère une interaction plus complexe entre les différents besoins qui ne suivent pas nécessairement un ordre séquentiel ni hiérarchique. Max-Neef ne veut établir aucune priorisation des besoins qui fonctionnent tous de façon synergétique.

Des besoins finis et universels : Cette théorie soutient que les besoins fondamentaux de l’homme sont limités, peu nombreux et classifiables, et qu’ils restent constants à travers les différentes cultures et périodes historiques. Cela contraste avec l’implication de Maslow selon laquelle la façon dont les besoins sont hiérarchisés peut varier considérablement d’un individu à l’autre.

Besoins et éléments de satisfaction : Le document établit une distinction entre les besoins et leurs éléments de satisfaction, en soulignant qu’un même besoin peut avoir plusieurs éléments de satisfaction et qu’un élément de satisfaction peut répondre à plusieurs besoins. Cette approche reconnaît la spécificité culturelle et historique de la manière dont les besoins sont satisfaits.

Perspective transdisciplinaire : Le document souligne la nécessité d’une approche transdisciplinaire pour comprendre et satisfaire les besoins humains, suggérant que pour répondre à ces besoins, il faut aller au-delà des modèles économiques et psychologiques traditionnels et inclure des considérations sociales, politiques et environnementales.

Une approche collective : Alors que Maslow se concentre sur le développement individuel, le document semble mettre fortement l’accent sur les aspects collectifs et sociétaux de la satisfaction des besoins, ce qui implique une responsabilité sociétale plus large à l’égard de la satisfaction de ces besoins.

En résumé, l’approche du document diffère de la hiérarchie de Maslow en présentant une compréhension plus interconnectée et moins séquentielle des besoins humains, en soulignant leur nature universelle et immuable à travers les cultures, en mettant l’accent sur la distinction entre les besoins et ceux qui les satisfont, en plaidant pour une approche transdisciplinaire du développement et en soulignant l’importance de la responsabilité collective dans la satisfaction des besoins humains. Cette approche reflète une vision plus large et plus inclusive du développement humain, qui intègre des facteurs sociaux et environnementaux parallèlement à la croissance psychologique individuelle.

Comparaison :

Pour réaliser une analyse comparative plus précise et approfondie entre la pyramide des besoins de Maslow et l’approche décrite dans le document Human Scale Development de Manfred Max-Neef, nous pouvons examiner les différences fondamentales à plusieurs niveaux : structure, fondements théoriques, focus individuel vs collectif, et implications pratiques.

1. Structure et hiérarchisation des besoins :

  • Maslow propose une structure pyramidale, où les besoins sont hiérarchisés de manière séquentielle : physiologiques, sécurité, appartenance et amour, estime, et enfin, accomplissement de soi. Cette hiérarchie suggère qu’un niveau de besoin doit être principalement satisfait avant de passer au suivant.
  • Max-Neef : Les besoins humains sont présentés comme un système interconnecté et interactif, sans hiérarchie stricte imposée. Cela souligne une vision plus dynamique et moins linéaire, où différents besoins peuvent être poursuivis simultanément, reflétant une compréhension plus complexe de la nature humaine.

2. Fondements théoriques et universels vs. spécificité culturelle :

  • Maslow identifie les besoins comme étant universels à tous les êtres humains, mais l’expression de ces besoins peut varier individuellement et culturellement.
  • Max-Neef insiste sur l’universalité des besoins fondamentaux à travers les cultures et les périodes historiques, mais distingue clairement entre les besoins et leurs satisfacteurs, qui sont culturellement et historiquement spécifiques. Cette distinction permet une application plus large et adaptable de l’approche à divers contextes socioculturels.

3. Focus individuel vs. collectif :

  • Maslow se concentre sur le développement psychologique individuel, avec une attention particulière sur l’auto-accomplissement comme ultime réalisation personnelle.
  • Max-Neef, tout en ne négligeant pas l’individu, met en évidence la dimension collective de la satisfaction des besoins, soulignant l’importance de l’action et de la responsabilité sociales pour répondre aux besoins fondamentaux de tous les membres de la société. Cela reflète une orientation plus orientée vers le développement communautaire et social.

4. Implications pratiques pour le développement :

  • Maslow fournit un cadre pour comprendre la motivation individuelle, largement utilisé en psychologie, en gestion des ressources humaines et en marketing.
  • Max-Neef propose un cadre pour aborder le développement humain à une échelle plus systémique, intégrant des considérations économiques, sociales, et environnementales dans la satisfaction des besoins humains. Cela encourage une approche transdisciplinaire et multisectorielle du développement, qui peut informer les politiques publiques, la planification urbaine et rurale, et les stratégies de développement durable.

Ainsi, bien que la théorie de Maslow ait posé les bases de la compréhension des besoins humains, l’approche décrite dans l’approche de Max-Neef enrichit et élargit cette base en proposant une vision plus intégrée, dynamique et adaptée aux défis complexes du développement humain.

8. EFFICIENCE

Dans une économie monodimensionnelle, on doit choisir entre les différents besoins qui ne peuvent pas tous être satisfaits (système de préférences). Il en découle une économie paternelle basée sur la compétition, la sélection naturelle, la consommation destructrice et la rareté.

Dans une économie multidimensionnelle, on peut réaliser tous les besoins simultanément dans un processus social intelligent et intégrateur (système de compréhension). Il en découle une économie maternelle basée sur l’abondance qui se fonde sur le maillage des besoins et des capacités.

Cette distinction est le Yin et le Yang de l’économie moderne.

Le langage commun emploie trop souvent les termes d’« efficacité » et d’« efficience » comme des synonymes, alors qu’ils ont un sens distinct.

L’efficacité est la capacité à atteindre un but donné sans considération des moyens utilisés (on dit souvent que la fin justifie les moyens, ce qui pose souvent un problème éthique). Un médicament contre la fièvre, par exemple, sera efficace s’il fait baisser la température. Dans le tableau ci-dessus, l’efficacité est mesurée par les moyens qui prédominent dans chacun des secteurs d’activité : par l’énergie dépensée dans l’agriculture et l’industrie, par le temps passé dans les activités de service, et par la quantité de savoir dans les activités basées sur la connaissance, indépendamment du résultat obtenu.

Le mérite de ce tableau est de nous montrer également que l’énergie n’est pas le moteur de toute l’économie. S’il est vrai qu’elle conditionne fortement le pouvoir d’achat dans les activités industrielles et agricoles, cela est moins vrai dans les activités de service (dont le moteur relationnel est un hybride d’énergie et d’information), et cela n’est plus vrai du tout dans les activités de la connaissance qui reposent essentiellement sur l’information, le savoir et la créativité de l’esprit.

L’efficience consiste quant à elle à atteindre les résultats recherchés en utilisant de manière optimale des ressources matérielles et immatérielles, tout en minimisant les impacts négatifs induits. Cela renvoie à la qualité avec laquelle un résultat est atteint, et invite à une comparaison avec d’autres objets, outils, dispositifs ou personnes servant de référence (« être plus ou moins efficient que »). Ainsi, le médicament A sera plus efficient que le médicament B s’il présente moins d’effets secondaires (efficience dans l’action thérapeutique), ou s’il consomme moins de ressources pour être produit (efficience dans sa production). Ces précisions étant apportées, à quelles conditions les entreprises peuvent-elles être économiquement efficientes ? La réponse à cette question est importante : Savoir mesurer la performance d’une activité est la clef de son efficience. Cela revient donc à se poser une seconde question visant à savoir quels sont les critères qui permettraient de spécifier l’efficience d’une entreprise quel que soit son secteur d’activité.

Quand on observe la liste des 12 besoins fondamentaux inspirés du document de Max-Neef, on s’aperçoit qu’ils fournissent une grille d’évaluation précise des résultats que peut espérer atteindre n’importe quelle entreprise dans n’importe quel secteur d’activité. Cela signifie donc que l’économie des capacités et des besoins est une économie de l’efficience car elle permet de relier nos actions aux résultats attendus.

Il s’agit d’un enseignement précieux qui prouve une nouvelle fois le caractère à la fois intégré et pratique de l’économie des capacités et des besoins, pour ne pas dire son caractère universel si on l’évalue à l’aune de la multiplicité de ses champs d’applications.

Afin de montrer comment l’économie du développement humain est une économie de l’efficience, nous allons nous baser sur les 12 besoins fondamentaux inspirés de Max-Neef pour identifier les 12 types de résultats souhaitables dans n’importe quelle activité économique :

On peut également associer les 12 besoins fondamentaux aux sciences permettant de les satisfaire.

Tous les besoins se complémentent et s’enrichissent les uns les autres. Par exemple l’écologie gagne en influence en devenant politique mais elle n’acquiert réellement du sens qu’en devenant spirituelle. L’écologie doit répondre au besoin de subsistance des personnes si elle veut obtenir leur participation. La protection de l’environnement ne peut pas seulement reposer sur la contrainte mais doit nous associer à une démarche de création…

9. CAPABILITE

Amartya Sen, économiste et philosophe indien, lauréat du Prix Nobel d’économie en 1998, a apporté une contribution majeure à la théorie du développement et à l’éthique sociale avec son approche des capacités (“Capability Approach”). Cette approche représente un cadre normatif pour évaluer le bien-être individuel, les inégalités sociales, et le développement humain. Elle se distingue par sa concentration sur ce que les gens sont effectivement capables de faire ou d’être — c’est-à-dire leurs “capabilités” — plutôt que sur les biens ou les ressources qu’ils possèdent.

Capabilités

Les capabilités, selon Sen, désignent les libertés ou opportunités réelles qu’ont les individus de choisir les vies qu’ils ont des raisons de valoriser. Autrement dit, les capabilités reflètent le potentiel d’une personne à atteindre différents états ou accomplissements qui contribuent à son bien-être. Cela englobe une large gamme de possibilités, allant de l’aptitude à vivre une longue vie en bonne santé, à être instruit, à jouir du respect des autres, et à participer à la vie communautaire.

L’approche par les capabilités met l’accent sur la liberté de choix : elle ne s’intéresse pas uniquement à ce que les gens réalisent (leurs “fonctionnements”) mais à l’ensemble des options qui leur sont accessibles. Cela permet de reconnaître la diversité des aspirations humaines et le fait que les individus valorisent différentes choses dans la vie.

Fonctionnalités

Les fonctionnalités (“functionings”), dans le cadre de l’approche par les capabilités de Sen, se réfèrent aux états d’être et aux activités qu’une personne parvient effectivement à réaliser. Les fonctionnalités sont les réalisations concrètes de l’individu ; elles peuvent inclure être en bonne santé, avoir une éducation, travailler, participer à la vie sociale, et éprouver du bien-être. Contrairement aux capabilités, qui sont des possibilités ou des libertés, les fonctionnalités sont des réalisations effectives.

Relation entre Capabilités et Fonctionnalités

La distinction entre capabilités et fonctionnalités est centrale dans l’œuvre de Sen. Les capabilités représentent l’ensemble des combinaisons possibles de fonctionnalités que peut choisir une personne, c’est-à-dire toutes les vies qu’elle pourrait mener. Les fonctionnalités, quant à elles, sont les aspects de la vie qu’une personne a effectivement réalisés. Ainsi, alors que les capabilités mettent l’accent sur la liberté et les possibilités, les fonctionnalités se concentrent sur les résultats réels.

Cette distinction permet à l’approche par les capabilités de Sen de s’attaquer à des questions de justice et de développement en se concentrant non seulement sur les ressources matérielles dont disposent les individus, mais aussi sur les libertés effectives qu’ils ont pour mener le genre de vie qu’ils jugent valable. Sen argumente que le bien-être d’un individu et le développement d’une société doivent être évalués en fonction de l’expansion des capabilités, offrant ainsi une vision plus riche et plus nuancée du progrès humain que celle proposée par des mesures purement économiques comme le PIB.

Comparaison entre les 2 approches :

La lecture du document sur le “Human Scale Development” (Développement à Échelle Humaine) et le texte sur la théorie des capabilités d’Amartya Sen montrent deux approches complémentaires mais distinctes dans la manière d’aborder le développement et la justice sociale.

La théorie des capabilités d’Amartya Sen met l’accent sur les libertés individuelles et la capacité des individus à choisir la vie qu’ils veulent mener. Sen considère que la justice sociale devrait être mesurée non pas seulement par les ressources ou les biens que les personnes possèdent mais par leur capacité à transformer ces ressources en “fonctionnements” (functionings) et “capabilités” (capabilities), c’est-à-dire en possibilités réelles de faire ou d’être ce qu’elles valorisent. Les “biens premiers” chez Sen, tels que l’éducation, la santé, la participation politique, etc., sont considérés en tant que moyens permettant d’accroître les capabilités individuelles.

Le “Human Scale Development” conceptualisé par Manfred Max-Neef propose une approche axée sur le bien-être humain et le développement durable, centrée sur la satisfaction des besoins humains fondamentaux dans une perspective holistique et intégrée. Il identifie neuf besoins fondamentaux (subsistance, protection, affection, compréhension, participation, loisir, création, identité et liberté) qui sont invariables et universels, mais dont les manières de les satisfaire (satisfacteurs) peuvent varier grandement en fonction des cultures, des individus et des environnements.

En appliquant la grille de lecture du document “Human Scale Development” aux biens premiers d’Amartya Sen, il est possible de les considérer à la fois comme des besoins fondamentaux et comme des satisfacteurs. Cela dépend de la manière dont on les interprète dans le cadre de la satisfaction des besoins humains fondamentaux identifiés par Max-Neef. Les capabilités et les fonctionnements chez Sen pourraient être vus comme des moyens (satisfacteurs) de répondre à ces besoins fondamentaux. Par exemple, la capacité de participer à la vie politique (une capabilité chez Sen) pourrait être interprétée comme un satisfacteur pour le besoin de participation dans le cadre de Max-Neef. De même, l’accès à l’éducation peut être vu comme un satisfacteur pour le besoin de compréhension.

Ainsi, bien que la théorie des capabilités de Sen et le “Human Scale Development” de Max-Neef adoptent des perspectives différentes, elles peuvent être complémentaires dans une approche holistique du développement et de la justice sociale. Les biens premiers de Sen, dans ce contexte, peuvent être interprétés à la fois comme des besoins fondamentaux, dans la mesure où ils sont essentiels pour le développement des capabilités individuelles, et comme des satisfacteurs, dans la mesure où ils constituent des moyens concrets de satisfaire ces besoins universels.

Pour établir une correspondance entre les 12 besoins fondamentaux élargis et les biens premiers d’Amartya Sen (qui incluent les capabilités et les fonctionnements), nous allons identifier des satisfacteurs potentiels dans la théorie des capabilités de Sen pour chaque besoin. Cette approche cherche à souligner comment les capabilités et fonctionnements de Sen peuvent servir de moyens pour satisfaire ces besoins universels, en adaptant la liste précédente et en y ajoutant les nouveaux besoins de justice, nature, et transcendance.

Cette table met en lumière la correspondance entre les besoins humains universels et la manière dont les capabilités et fonctionnements peuvent être envisagés comme des satisfacteurs dans une variété de contextes culturels et sociaux. La théorie des capabilités offre un cadre pour comprendre et évaluer le bien-être en se concentrant sur la liberté des individus à mener une vie qu’ils ont des raisons de valoriser, qui résonne avec la satisfaction de ces besoins fondamentaux.

La notion de justice est particulièrement intéressante dans la mesure où elle transcende le simple accès à des biens ou services pour englober des aspects de l’équité et de la reconnaissance dans la distribution des capabilités. La nature et la transcendance soulignent l’importance de l’environnement et des aspects spirituels ou existentiels du bien-être humain, qui sont parfois moins évidents dans des approches purement économiques ou matérielles du développement.

10. OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE

Le lien méthodologique entre les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) établis par les Nations Unies et les 12 besoins fondamentaux basés sur le travail de Manfref Max-Neef repose sur une approche intégrée visant à comprendre comment les initiatives globales pour le développement durable peuvent répondre aux besoins humains fondamentaux.

Manfred Max-Neef a conceptualisé ces besoins non pas comme hiérarchiques (comme dans la pyramide de Maslow), mais comme interdépendants et catégorisés selon différentes sphères de l’existence humaine. Ces besoins comprennent la subsistance, la protection, l’affection, la compréhension, la participation, les loisirs, la création, l’identité, la liberté, et en extension à l’environnement, la nature, la justice et la transcendance.

Fondements de la Méthodologie

  1. Identification des besoins fondamentaux : Max-Neef identifie les besoins fondamentaux qui sont universels et invariables dans toutes les cultures humaines. Ces besoins vont au-delà de la simple survie physique pour englober des aspects psychologiques, sociaux et écologiques de l’existence.
  2. Correspondance avec les ODD : Chaque ODD est conçu pour aborder un ou plusieurs défis mondiaux qui, lorsqu’ils sont résolus, contribuent à satisfaire les besoins fondamentaux humains. Cette correspondance montre comment le développement durable ne concerne pas seulement l’environnement mais englobe également le bien-être humain dans son ensemble.
  3. Analyse intégrée : La méthodologie implique une analyse de la manière dont chaque ODD peut influencer positivement plusieurs besoins fondamentaux. Par exemple, l’ODD 3 (“Bonne santé et bien-être”) vise directement le besoin de subsistance mais influence également la protection, en assurant un environnement sain pour les individus.
  4. Interdépendance : Reconnaît que la satisfaction des besoins fondamentaux et la réalisation des ODD sont interdépendantes. La progression vers un objectif peut faciliter ou renforcer les avancées vers d’autres, illustrant la nature systémique du développement durable.

Application Méthodologique

  • Subsistance et ODD : Les besoins de subsistance, tels que l’accès à la nourriture et à l’eau, sont directement abordés par des ODD comme le “Faim zéro” (ODD 2) et “Eau propre et assainissement” (ODD 6).
  • Protection et ODD : La protection contre les maladies et les catastrophes est liée à des ODD tels que “Bonne santé et bien-être” (ODD 3) et “Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques” (ODD 13).
  • Participation et ODD : Le besoin de participation est reflété dans des ODD comme “Villes et communautés durables” (ODD 11), encourageant l’engagement civique et la gouvernance inclusive.

Le tableau de correspondance entre les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) et les 12 besoins fondamentaux est élaboré sur la base de l’interrelation entre ces besoins fondamentaux, tels que définis dans le document, et les objectifs globaux fixés par l’ONU pour un développement durable. La méthodologie adoptée repose sur l’identification des besoins fondamentaux que chaque ODD vise à satisfaire, en tenant compte de la description et de l’objectif de chaque ODD ainsi que des besoins fondamentaux décrits dans le document​​.

Ce tableau montre l’interconnexion entre le développement durable et la satisfaction des besoins fondamentaux humains.

Chaque ODD, par son objectif spécifique, vise la satisfaction de plusieurs de ces besoins, mettant en évidence l’approche holistique nécessaire pour atteindre un développement véritablement durable. La mise en œuvre effective des ODD contribuerait significativement à répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité, soulignant l’importance d’une approche intégrée du développement qui prenne en compte à la fois les aspects économiques, sociaux, environnementaux et humains.

Approche inversée :

On pourrait imaginer également que chaque ODD soit formalisé pour répondre aux 12 besoins de base. Nous allons voir si cela est envisageable en développant de manière plus exhaustive la correspondance de certains ODD avec la satisfaction des 12 besoins de base. Une fois encore l’idée est de produire un maillage le plus complet possible afin de susciter des idées et des vocations dans ce domaine. Analyse de façon exhaustive, intelligente et concrète le rapport entre l’ODD 5 et la satisfaction pleine et entière des 12 besoins de base en te basant sur des exemples intelligents.

Dans une telle perspective, on peut considérer que le fait de rapporter chacun des 17 ODD aux 12 besoins fondamentaux permettrait une réalisation pleine et entière de chaque ODD.

1er exemple : ODD 5

L’Objectif de Développement Durable (ODD) 5 vise à atteindre l’égalité des sexes et à autonomiser toutes les femmes et les filles. Cette mission est cruciale, non seulement pour combattre l’injustice et la discrimination, mais aussi pour débloquer le potentiel immense que représente l’égalité des sexes pour le développement durable dans son ensemble. Pour examiner comment l’ODD 5 peut contribuer à la satisfaction pleine et entière des 12 besoins de base, nous adopterons une approche qui illustre le rôle vital de l’égalité des sexes dans chaque domaine de besoin fondamental.

1. Subsistance

L’accès égal aux ressources économiques, y compris les terres et le crédit, assure que les femmes peuvent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Des initiatives comme les microcrédits pour les entrepreneuses peuvent transformer la subsistance des femmes, les rendant capables de nourrir, loger et prendre soin de leurs proches.

2. Protection

L’ODD 5 encourage des mesures pour éliminer la violence basée sur le genre, offrant ainsi aux femmes et aux filles une meilleure protection contre les abus physiques, sexuels et émotionnels. Des lois et politiques renforcées assurent leur sécurité dans tous les espaces, publics comme privés.

3. Affection

Promouvoir l’égalité des sexes renforce les relations basées sur le respect mutuel et l’égalité, favorisant des liens affectifs sains au sein des familles et des communautés. Cela contribue à un environnement où l’affection et le soutien mutuel prospèrent.

4. Compréhension

L’accès égal à une éducation de qualité pour les filles et les garçons crée une société plus informée et empathique. Des programmes éducatifs qui remettent en question les stéréotypes de genre et encouragent le respect mutuel entre les sexes contribuent à une compréhension globale de l’égalité.

5. Participation

L’ODD 5 vise à garantir la participation pleine et effective des femmes à la vie politique, économique et publique. Cela inclut des efforts pour augmenter la représentation des femmes dans les prises de décisions, assurant que leurs voix soient entendues et prises en compte.

6. Loisir

L’égalité des genres dans le partage des responsabilités domestiques et familiales offre aux femmes et aux hommes un meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle, permettant plus de temps pour le repos et les loisirs.

7. Création

Quand les femmes ont accès à l’éducation et aux opportunités économiques, elles peuvent pleinement explorer et exprimer leur créativité, que ce soit dans les arts, la science ou l’entrepreneuriat.

8. Identité

L’égalité des sexes aide les individus à forger une identité qui n’est pas limitée par des stéréotypes de genre restrictifs. Cela permet à tous, indépendamment de leur sexe, de poursuivre leurs intérêts et ambitions.

9. Liberté

L’autonomisation des femmes est intrinsèquement liée à la liberté individuelle, permettant aux femmes de faire des choix concernant leur vie, leur corps et leur avenir sans contraintes discriminatoires.

10. Justice

L’égalité des genres implique de combattre la discrimination légale et de pratiquer une justice qui protège équitablement les droits de tous, indépendamment du genre.

11. Nature

La participation des femmes à la gestion des ressources naturelles et à la lutte contre le changement climatique est essentielle, car elles sont souvent les plus touchées par les problèmes environnementaux et possèdent des connaissances précieuses sur la conservation durable.

12. Transcendance

L’égalité des sexes permet à tous les individus de transcender les rôles de genre prédéfinis et d’être considérés comme égaux devant Dieu notamment dans les pratiques religieuses et les considérations morales qui vont au-delà de l’analyse biologique liée aux différences entre les sexes.

L’interconnexion entre l’ODD 5 et la satisfaction des 12 besoins de base met en lumière comment l’égalité des sexes est fondamentale pour le bien-être humain et le développement durable. En abordant ces besoins à travers le prisme de l’égalité des sexes, des progrès significatifs peuvent être réalisés vers un monde plus juste et équitable pour tous.

2ème Exemple : ODD 1

L’Objectif de Développement Durable (ODD) 1 vise à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes partout dans le monde. Cet objectif, par sa nature même, touche directement ou indirectement à tous les besoins fondamentaux de l’être humain définis dans le cadre du développement à l’échelle humaine. Examinons comment l’ODD 1 peut être conceptualisé pour répondre de manière exhaustive à ces 12 besoins de base, en utilisant des exemples concrets pour illustrer les liens.

1. Subsistance

Pour éradiquer la pauvreté, il est essentiel d’assurer à tous un accès à des ressources suffisantes pour vivre. Cela inclut des initiatives telles que des programmes de soutien alimentaire, l’accès à l’eau potable, et des soins de santé abordables, garantissant ainsi que les besoins les plus élémentaires de subsistance sont satisfaits.

2. Protection

La sécurité sociale et les filets de sécurité économique jouent un rôle crucial dans la protection contre la pauvreté. Cela peut prendre la forme d’assurances chômage, de pensions de vieillesse, et de soutien aux familles dans le besoin, réduisant ainsi la vulnérabilité à la pauvreté et à ses effets.

3. Affection

La pauvreté peut isoler et marginaliser les individus au sein de leur communauté. Des programmes visant à intégrer socialement les personnes défavorisées, par le biais d’initiatives communautaires ou de groupes de soutien, peuvent renforcer les liens affectifs et le sentiment d’appartenance.

4. Compréhension

L’éducation est une clé pour sortir de la pauvreté. Investir dans l’éducation formelle et informelle, ainsi que dans la formation professionnelle, permet aux individus d’acquérir les compétences nécessaires pour améliorer leur qualité de vie et comprendre leurs droits et opportunités.

5. Participation

La participation active dans la prise de décision politique et économique permet aux personnes en situation de pauvreté de contribuer et d’influencer les politiques qui affectent leur vie, renforçant ainsi leur capacité à changer leur situation.

6. Loisir

La réduction de la pauvreté doit aussi considérer l’accès aux loisirs et à la culture, essentiels pour le bien-être humain. Cela peut être réalisé par l’ouverture d’espaces publics, le soutien aux activités culturelles et sportives abordables.

7. Création

Encourager l’entrepreneuriat et l’innovation parmi les populations défavorisées peut ouvrir des voies pour la créativité et l’autonomie économique, offrant de nouvelles opportunités pour sortir de la pauvreté.

8. Identité

Reconnaître et valoriser la diversité culturelle et l’identité des personnes en situation de pauvreté est crucial. Les politiques doivent encourager l’expression culturelle et le respect des différentes identités au sein de la société.

9. Liberté

L’accès à des informations fiables et la liberté d’expression sont fondamentaux pour permettre aux individus de faire des choix éclairés concernant leur vie, contribuant ainsi à leur émancipation de la pauvreté.

10. Justice

L’égalité d’accès à la justice et la protection légale contre l’exploitation et la discrimination sont essentielles pour lutter contre la pauvreté et garantir que personne n’est laissé pour compte.

11. Nature

L’accès à des environnements sains et la gestion durable des ressources naturelles sont vitaux pour prévenir les situations de pauvreté exacerbées par la dégradation environnementale et le changement climatique.

12. Transcendance

Offrir des espaces et des opportunités pour le développement spirituel et la recherche de sens au-delà des besoins matériels peut soutenir l’épanouissement personnel, même dans des contextes de pauvreté.

En abordant la pauvreté à travers ces multiples dimensions, l’ODD 1 ne se limite pas à une simple amélioration des indicateurs économiques, mais cherche plutôt à améliorer de manière holistique la qualité de vie

3ème exemple : ODD 13

L’Objectif de Développement Durable (ODD) 13 concerne la prise de mesures urgentes pour lutter contre les changements climatiques et leurs impacts. Cet objectif est intrinsèquement lié à la satisfaction des besoins fondamentaux de l’humanité, car les effets du changement climatique menacent directement les conditions de vie sur Terre. Examinons de manière exhaustive comment l’ODD 13 peut contribuer à la satisfaction pleine et entière des 12 besoins de base, en fournissant des exemples concrets pour chaque besoin.

1. Subsistance

Les changements climatiques menacent la sécurité alimentaire mondiale. L’ODD 13 soutient des pratiques agricoles durables qui garantissent la subsistance en augmentant la résilience des systèmes alimentaires face aux conditions climatiques extrêmes.

2. Protection

En renforçant la résilience et l’adaptation aux risques liés au climat, l’ODD 13 aide à protéger les communautés contre les catastrophes naturelles, garantissant la sécurité des habitations et des infrastructures essentielles.

3. Affection

La lutte contre le changement climatique nécessite une action collective et solidaire, favorisant un sens de l’appartenance et renforçant les liens au sein des communautés pour travailler ensemble vers un objectif commun.

4. Compréhension

L’éducation sur le changement climatique et la sensibilisation sont cruciales. L’ODD 13 encourage la diffusion des connaissances sur les impacts climatiques et les stratégies d’adaptation, favorisant une compréhension globale des enjeux.

5. Participation

L’action climatique exige la participation active de tous les secteurs de la société. L’ODD 13 appelle à une gouvernance inclusive où chaque individu peut contribuer à la politique climatique et aux initiatives de résilience.

6. Loisir

Les effets du changement climatique sur l’environnement peuvent limiter les espaces naturels disponibles pour les loisirs. Protéger ces espaces est essentiel pour le bien-être et le loisir des générations futures.

7. Création

L’innovation et la créativité sont au cœur de l’ODD 13, encouragent le développement de nouvelles technologies et solutions durables pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses impacts.

8. Identité

Les pratiques culturelles et traditionnelles peuvent être affectées par le changement climatique. L’ODD 13 soutient la préservation de l’identité culturelle en intégrant la connaissance traditionnelle dans les stratégies climatiques.

9. Liberté

L’accès à des informations fiables sur le climat et la capacité à agir en conséquence sont essentiels pour garantir la liberté individuelle dans un contexte de changement climatique.

10. Justice

L’ODD 13 reconnaît l’importance de la justice climatique, s’attaquant aux inégalités entre ceux qui contribuent le moins au changement climatique et ceux qui en subissent les conséquences les plus graves.

11. Nature

La protection des écosystèmes et de la biodiversité est intrinsèquement liée à l’ODD 13, assurant la préservation de la nature pour les générations actuelles et futures.

12. Transcendance

La lutte contre le changement climatique offre l’opportunité de transcender les intérêts individuels et nationaux, unissant l’humanité autour d’un défi commun et d’une vision partagée d’un avenir durable.

En abordant le changement climatique à travers l’ODD 13, non seulement nous travaillons à prévenir ses effets les plus dévastateurs, mais nous contribuons également à construire une société qui satisfait de manière holistique tous les besoins fondamentaux de l’humanité, en reconnaissant l’interdépendance entre l’environnement, la société et l’économie

11. METHODOLOGIE DE GESTION DE PROJETS

La solution méthodologique que nous proposons afin de déployer les principes de l’économie du développement humain dans l’ensemble des projets économiques, sociaux et écologiques repose sur une idée assez simple.

Elle consiste à remplacer la représentation du système comptable “créance — dette” axée sur les quantités et les données exclusivement financières par une nouvelle représentation que nous appelons “système comptique” qui reposera essentiellement sur le rapport qualitatif “capacités — besoins” ainsi que sur des indicateurs de performance liés aux résultats attendus et aux valeurs à promouvoir.

Dans ce nouveau référentiel, la conception et la sélection des projets ne se fera plus par rapport au seul objectif de maximisation des créances (ou des recettes) et de minimisation des dettes (ou des dépenses), mais elle se construira par rapport au nouvel objectif de maximisation synergétique de tous les besoins et de toutes les capacités, tant pour les participants aux projets que pour l’ensemble du milieu social et naturel du projet.

Quand on lit le document de Manfred Max-Neef, on voit que les besoins n’indiquent pas seulement des privations, mais aussi, et en même temps, le potentiel humain individuel et collectif, autrement dit des capacités. D’autre part, les agents de satisfaction sont des formes individuelles ou collectives d’être, d’avoir, de faire et d’interagir afin d’actualiser les besoins et les capacités. Enfin, les biens économiques sont des objets ou des artefacts qui affectent l’efficacité d’un satisfacteur, modifiant ainsi le seuil d’actualisation d’un besoin, que ce soit dans un sens positif ou négatif.

Il convient d’élaborer une matrice des besoins et des satisfactions permettant de les relier par une trame riche et organique. L’interrelation entre les besoins, les satisfactions et les biens économiques est permanente et dynamique. Il existe une relation dialectique entre eux. Si les biens économiques sont capables d’affecter l’efficacité des satisfactions, ces dernières seront déterminantes pour générer et créer les premiers. Par ailleurs, si les biens économiques répondent de façon satisfaisante à plusieurs besoins, il est possible qu’ils permettent de produire de nouvelles capacité au sein de la population. Par cette causalité réciproque, ils deviennent les représentants d’une culture qui, à son tour, délimite le style de développement.

Dans le choix des projets, il convient de porter une attention aux différents types de satisfacteurs. Globalement, l’efficience du modèle de l’économie du développement humain consiste à privilégier les projets qui contiennent le maximum de satisfacteurs synergétiques, et à rejeter les projets qui ne contiennent qu’un satisfacteur singulier, ou pire, qui contiennent des satisfacteurs destructeurs, inhibants ou mensongers.

Les satisfacteurs violateurs ou destructeurs sont des éléments de nature paradoxale. Appliqués dans l’intention de satisfaire un besoin donné, ils annihilent n o n s e u l e m e n t la possibilité de le satisfaire dans le temps, mais ils nuisent également à la satisfaction adéquate d’autres besoins. Ces satisfactions paradoxales semblent particulièrement liées au besoin de Protection. Ce besoin peut entraîner des comportements humains aberrants dans la mesure où sa non-satisfaction est associée à la peur. L’at- tribut particulier de ces violateurs est qu’ils sont invariablement imposés aux personnes.

Les pseudo-satisfacteurs. Les pseudo-satisfacteurs sont des éléments qui génèrent un faux sentiment de satisfaction d’un besoin donné. Bien qu’ils ne soient pas dotés de l’agressivité des violateurs ou des destructeurs, ils peuvent à l’occasion annuler, à plus ou moins long terme, la possibilité de satisfaire le besoin qu’ils visaient à l’origine. Leur principale caractéristique est qu’ils sont généralement induits par la propagande, la publicité ou d’autres moyens de persuasion.

Les satisfacteurs inhibiteurs sont ceux qui généralement saturent un besoin donné, réduisant ainsi sérieusement la possibilité de satisfaire d’autres besoins. A quelques exceptions près, elles ont en commun de trouver leur origine dans des coutumes, des habitudes et des rituels profondément enracinés.

Les satisfacteurs singuliers sont ceux qui satisfont un besoin particulier. En ce qui concerne la satisfaction d’autres besoins, ils sont neutres. Ils sont caractéristiques des plans et programmes d’assistance, de coopération et de développement, mais également des produits de grande consommation. Ces satisfactions sont similaires en ce sens qu’elles sont institutionnalisées ; c’est-à-dire qu’elles trouvent leur origine dans des institutions de l’État, du secteur privé ou du secteur bénévole ou non gouvernemental.

Satisfaction synergique. Les projets qui satisfont les besoins en synergie sont ceux qui satisfont un besoin donné, tout en stimulant et en contribuant à la satisfaction d’autres besoins. Ils partagent l’attribut d’être anti-autoritaires dans le sens où ils constituent un renversement des valeurs prédominantes, telles que la compétition et la coercition. On peut donc que les satisfacteurs synergétiques sont naturellement décentralisés, sécurisants, performants et scalables dans l’échelle des besoins individuels et collectifs.

Satisfacteurs exogènes et endogènes. Les quatre premières catégories de satisfactions sont exogènes à la société civile car elles sont généralement imposées, induites, ritualisées ou institutionnalisées. En ce sens, il s’agit de satisfactions qui ont été traditionnellement générées par les politiques gouvernementales et défendues par tous. En revanche, les satisfactions endogènes découlent de processus libérateurs qui sont le résultat d’actes de volonté générés par la communauté à la base. C’est ce qui les rend antiautoritaires, même si, dans certains cas, elles peuvent trouver leur origine dans des processus promus par l’État. L’un des principaux objectifs du développement de l’échelle humaine est de modifier la nature de l’État Providence. Il devrait passer de son rôle traditionnel de générateur de satisfactions par les aides et les subventions, qui sont exogènes à la société civile, à celui de stimulateur et de créateur de processus partant de la base vers le sommet. En particulier, étant donné les conditions restrictives que la crise actuelle nous impose, l’augmentation des niveaux d’autosuffisance locale, régionale et nationale devrait être considérée comme une priorité. Cet objectif peut être atteint par la création de processus synergiques permettant de connecter les besoins et les capacités à tous les niveaux de l’économie

SATISFACTEURS UNIQUES

Les satisfacteurs singuliers sont ceux qui visent la satisfaction d’un seul besoin et sont donc neutres par rapport à la satisfaction d’autres besoins. Ils sont très caractéristiques des programmes de développement et de coopération.

SATISFACTEURS SYNERGETIQUES

Les satisfacteurs synergiques sont ceux qui, par la manière dont ils satisfont un besoin donné, stimulent et contribuent à la satisfaction simultanée d’autres besoins.

12. INDICATEURS DE PERFORMANCE CLE

Comment pourrait-on systématiser comptablement une économie du résultat ?

Systématiser comptablement une économie du résultat, où la valeur est déterminée par les satisfacteurs proposés plutôt que par les produits ou services vendus, nécessite de repenser les cadres comptables traditionnels. Ce changement se concentre sur la mesure de la performance des satisfacteurs, en tenant compte non seulement des coûts et des bénéfices, mais aussi de la valeur réelle liée à la satisfaction des besoins et au développement de nouvelles capacités. Il s’agit donc de produire des mesures quantitatives systématiquement corrélées à la réalisation d’une ou plusieurs valeurs réelles

Voici plusieurs étapes et principes qui pourraient guider ce processus :

1. Définition des indicateurs de résultat

  • Identifier clairement quels résultats sont valorisés par les parties prenantes (clients, société, actionnaires, environnement). Il s’agit d’aller au-delà des objectifs classiques tels que la satisfaction client, l’impact environnemental, l’amélioration du bien-être social, pour incorporer l’ensemble des mesures d’efficience telles que nous les avons présentées dans le tableau ci-dessus.
  • Développer des indicateurs mesurables pour chaque type de résultat (ou besoin) valorisé.

2. Intégration des indicateurs de résultat dans la comptabilité

  • Adapter les systèmes comptables pour intégrer ces indicateurs de résultat à côté des indicateurs financiers traditionnels. Cela consisterait par exemple à passer d’un système comptable (gestion quantitative et fermée de la ressource) vers un système comptique (gestion structurelle et ouverte de la ressource). Alors que le système comptable vise à mettre en relation créances et dettes à travers un ensemble de transactions enregistrées, le système comptique vise à mettre en relation capacités et besoins à travers un ensemble d’actes de réflexivité, de réciprocité et de transmission qui permettraient à chaque entreprise d’équilibrer beaucoup plus facilement les dimensions économique, sociale et écologique..

3. Évaluation de la performance basée sur les résultats

  • Établir des méthodes d’évaluation qui permettent de quantifier la valeur des résultats obtenus, en procédant à la fois au calcul du bénéfice économique, social et écologique mais en s’intéressant également au sentiment d’accomplissement des valeurs que l’on souhaite développer. .

4. Rapport sur la performance et l’impact

  • Développer des rapports de performance qui reflètent à la fois les résultats financiers et non financiers, en s’appuyant sur des cadres tels que les principes de comptabilité environnementale et sociale ou encore la matrice besoins — capacités — valeurs.
  • Communiquer ces résultats de manière transparente aux parties prenantes dans un rapport annuel ou bi-annuel.

5. Adaptation des modèles d’affaires

  • Concevoir des modèles d’affaires qui alignent les objectifs financiers avec la création de valeur à long terme pour les clients et la société.
  • Mettre en place des structures de prix et des contrats qui récompensent les résultats plutôt que les intrants ou les processus.

6. Utilisation de la technologie

  • Implémenter des technologies de pointe (comme l’IA et la blockchain) pour collecter, analyser et rapporter les données relatives aux résultats de manière efficace et transparente. Recourir au graphe pour créer une représentation des opérations et des échanges.

7. Cadres réglementaires et normes

  • Travailler en collaboration avec les organismes de réglementation et les associations professionnelles pour développer des normes comptables qui reconnaissent l’importance du système comptique besoin — capacité et mesurent la valeur basée sur les résultats.

En systématisant comptablement une économie du résultat, les organisations peuvent non seulement mesurer leur succès financier mais aussi évaluer leur contribution à une société plus juste, durable et épanouie, alignée sur les besoins fondamentaux des individus et de la planète. Il convient de le répéter encore : un résultat financier non corrélé à la progression d’une valeur réelle reconnue socialement ou d’un besoin fondamental du genre humain… n’a aucune valeur.

Pour chaque besoin fondamental inspiré de Max-Neef, voici cinq exemples fournissant des Indicateurs de Performance Clés (IPC) qui pourraient être utilisés pour mesurer la satisfaction de ces besoins dans le cadre d’une économie du résultat qui ne serait pas basée sur l’efficacité (le plus de chiffre d’affaire possible) mais sur l’efficience (le plus de valeur possible).

Les IPC sont autant de critères qui fournissent des données objectivement mesurables qui nous permettent de mesurer les progrès accomplis dans la satisfaction des besoins fondamentaux. La liste fournie ici est non exhaustive et pourra être complétée ultérieurement.

Subsistance

  1. Taux de réduction de la pauvreté extrême — ODD 1 : Pas de pauvreté.
  2. Accès universel à des services de base (eau potable, assainissement) — ODD 6 : Eau propre et assainissement.
  3. Sécurité alimentaire et amélioration de la nutrition — ODD 2 : Faim « zéro ».
  4. Accès au logement à des prix abordables — ODD 3 : Bonne santé et bien-être.
  5. Augmentation de l’accès à l’énergie durable — ODD 7 : Énergie propre et d’un coût abordable.

Protection

  1. Réduction du nombre de victimes de catastrophes naturelles — ODD 13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques.
  2. Diminution de l’exposition aux substances toxiques — ODD 3 : Bonne santé et bien-être.
  3. Amélioration de la sécurité alimentaire via des pratiques agricoles durables — ODD 2 : Faim « zéro ».
  4. Développement de systèmes d’alerte précoce pour les catastrophes — ODD 11 : Villes et communautés durables.
  5. Amélioration des normes de sécurité au travail — ODD 8 : Travail décent et croissance économique.

Compréhension

  1. Augmentation du taux d’alphabétisation chez les adultes et les enfants — ODD 4 : Éducation de qualité.
  2. Accès élargi à l’éducation numérique et à distance — ODD 4 : Éducation de qualité.
  3. Programmes de sensibilisation sur la santé et l’environnement — ODD 3 : Bonne santé et bien-être, ODD 13.
  4. Développement de compétences pour le travail durable — ODD 8 : Travail décent et croissance économique.
  5. Initiatives de formation continue dans les communautés locales — ODD 4 : Éducation de qualité.

Participation

  1. Taux de participation civique et politique — ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.
  2. Inclusion des femmes et des minorités dans les processus décisionnels — ODD 5 : Égalité entre les sexes.
  3. Développement de plateformes participatives pour la planification urbaine — ODD 11 : Villes et communautés durables.
  4. Engagement des jeunes dans les initiatives de développement durable — ODD 13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques.
  5. Soutien aux organisations de la société civile — ODD 17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs.

Loisir

  1. Accès public aux espaces verts et aux installations récréatives — ODD 11 : Villes et communautés durables.
  2. Programmes de bien-être au travail — ODD 3 : Bonne santé et bien-être.
  3. Initiatives de tourisme durable — ODD 12 : Consommation et productions durables.
  4. Développement de loisirs inclusifs pour les personnes handicapées — ODD 10 : Réduction des inégalités.
  5. Soutien aux arts et à la culture locale — ODD 11 : Villes et communautés durables.

Création

  1. Investissement dans la R&D et l’innovation — ODD 9 : Industrie, innovation et infrastructure.
  2. Protection des droits de propriété intellectuelle — ODD 9 : Industrie, innovation et infrastructure.
  3. Encouragement de l’entrepreneuriat créatif — ODD 8 : Travail décent et croissance économique.
  4. Développement de produits et services écologiques — ODD 12 : Consommation et productions durables.
  5. Programmes d’incubation pour les start-ups sociales — ODD 11 : Villes et communautés durables.

Identité

  1. Renforcement de l’identité culturelle et promotion de la diversité — ODD 11 : Villes et communautés durables.
  2. Programmes de reconnaissance et d’empowerment des communautés indigènes — ODD 10 : Réduction des inégalités.
  3. Valorisation des savoirs traditionnels dans les pratiques de développement — ODD 2 : Faim « zéro ».
  4. Initiatives de branding social pour les entreprises locales — ODD 8 : Travail décent et croissance économique.
  5. Soutien à l’éducation multilingue — ODD 4 : Éducation de qualité.

Liberté

  1. Protection des libertés fondamentales et des droits de l’homme — ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.
  2. Promotion de l’accès à l’information et à l’internet — ODD 9 : Industrie, innovation et infrastructure.
  3. Soutien à l’autodétermination des peuples — ODD 10 : Réduction des inégalités.
  4. Renforcement de la gouvernance participative et transparente — ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.
  5. Initiatives pour l’autonomie économique — ODD 8 : Travail décent et croissance économique.

Justice

  1. Égal accès à la justice pour tous — ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.
  2. Mesures contre la corruption et pour la transparence — ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.
  3. Politiques d’équité salariale entre hommes et femmes — ODD 5 : Égalité entre les sexes.
  4. Intégration de la justice environnementale dans les politiques publiques — ODD 13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques.
  5. Programmes de réinsertion sociale — ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.

Nature

  1. Réduction de l’empreinte carbone des activités économiques — ODD 13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques.
  2. Amélioration de la gestion durable des terres et des forêts — ODD 15 : Vie terrestre.
  3. Protection et restauration de la biodiversité — ODD 15 : Vie terrestre.
  4. Amélioration de l’efficience des ressources et réduction des déchets — ODD 12 : Consommation et productions durables.
  5. Développement d’infrastructures vertes et résilientes — ODD 9 : Industrie, innovation et infrastructure.

Transcendance

  1. Programmes de développement personnel et spirituel — Reliant à ODD 3 : Bonne santé et bien-être pour l’aspect bien-être mental.
  2. Initiatives favorisant la cohésion sociale et le sens communautaire — Reliant à ODD 11 : Villes et communautés durables.
  3. Soutien à l’engagement volontaire et au bénévolat — Reliant à ODD 17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs.
  4. Promotion de la culture de paix et non-violence — Reliant à ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces.
  5. Valorisation des contributions individuelles au bien-être collectif — Reliant à ODD 10 : Réduction des inégalités et ODD 17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs.

On comprend ainsi que les 17 ODD sont des satisfacteurs par rapport aux 12 besoins fondamentaux.

La réalisation des 17 ODD tout comme la satisfaction des 12 besoins fondamentaux peuvent se mesurer par les IPC qui représentent des mesures concrètes permettant de les mettre en œuvre.

Ces IPC offrent un cadre pour évaluer de manière précise comment une activité économique répond aux besoins fondamentaux des individus et contribue à un développement plus équilibré et durable.

13. VERS UNE ECONOMIE DES BESOINS ET DES CAPACITES

Afin de produire une formalisation cohérente et complète d’une économie du développement humain, nous allons nous appuyer sur une théorie des actes fondamentaux.

Cette théorie des actes fondamentaux nous permettra de spécifier l’économie du développement humain et de la comparer avec ce qu’elle n’est pas : le capitalisme et le communisme.

Définition :

L’économie du développement humain est une économie du don qui vise à maximiser la réalisation des capacités et la satisfaction des besoins humains. Dans cette économie du don, la clef réside dans l’acte librement consenti que l’on nomme gratuité (ou libéralité). Au fondement de cette économie du don, on trouve les structures qui sont étudiées par l’Anthropologie. Sur le plan énergétique, la finalité de l’économie du don est de produire de l’énergie libre que l’on appelle également énergie de vie, car elle confère à chacun la capacité de se réaliser librement selon le projet de vie qu’il choisit.

L’économie capitaliste (ou sa forme inversée le communisme) est une économie de l’accumulation qui vise à maximiser les quantités de production et de consommation des groupes humains. Le projet historique de l’économie capitaliste et communiste réside dans la chosification du monde (réification) afin de permettre son appropriation, son commerce et son exploitation. La clef de fonctionnement de cette économie des biens (et non des liens) réside dans les quantités qui sont produites au moyen de la Technologie. Sur le plan énergétique, la finalité de l’économie capitaliste est de produire de l’énergie dirigée que l’on appelle énergie monétaire, car elle confère un pouvoir de commande sur toutes les forces matérielles.

Analyse :

Quand on observe les 12 besoins fondamentaux énoncés par Max-Neef — Subsistance, protection, affection, compréhension, participation, loisir, création, identité, liberté, justice, nature, transcendance — on constate que les économies capitaliste et communiste répondent au premier besoin, celui de la subsistance, qui est d’ordre purement physique et matériel, mais délaissent quasi-totalement la satisfaction des autres besoins, soit en n’arrivant pas à y répondre, soit en les ignorant ou en les niant totalement.

Si on adopte une représentation mathématique, nous pouvons affirmer que la satisfaction des besoins diminue exponentiellement au fur et à mesure que l’on avance dans les termes de la liste.

Certes, on ne peut pas rendre la justice si l’on n’a pas de budget pour construire des palais de justice et payer des magistrats, mais en ne portant son attention que sur ces conditions matérielles, et en croyant que celles-ci infèrent sur la qualité de la justice ou sur la valeur du juste, les idéologues du capitalisme et du communisme commettent une monumentale et monstrueuse erreur.

Chacun devrait méditer cette citation du philosophe Ctésias de Cnide : « Je préfère une ville de citoyens vertueux à une ville composée de beaux portiques ».

Afin de produire les valeurs capables de guider la société humaine vers la réalisation de ses plus hautes capacités et la satisfaction de l’ensemble de ses besoins, il est indispensable de se placer dans une économie du don. Cette économie n’est pas seulement une forme primitive d’échange comme aiment à le répéter à l’envie les idéologues du capitalisme et du communisme, elle est au contraire d’une actualité absolue car elle représente à ce jour le seul modèle économique alternatif qui permettrait potentiellement de sortir de nos schémas économiques totalitaires. L’économie du don est bien antérieure au capitalisme et au communisme qui ne sont que de parenthèses historiques dans l’histoire générale de l’humanité, et il est certain que ce modèle structural d’échange leur survivra quand toutes ces idéologies s’effondreront.

Ce que nous apprend l’Anthropologie (qui contrairement au capitalisme et au communisme possède le statut d’une science humaine), c’est que l’économie du don est à la fois notre passé, notre présent et notre avenir, comme ces choses essentielles et silencieuses qui passent souvent inaperçues.

L’économie du don est remarquable car elle permet d’atteindre des réalisations qui sont inaccessibles dans l’économie capitaliste et communiste. Ainsi on peut dire globalement que :

1.- L’économie du don arrive à satisfaire tous les besoins énoncés par le document de Max-Neef, et pas seulement les besoins physiques de subsistance et de protection.

2.- L’économie du don est la plus efficience pour développer toutes les capacités humaines sur une large échelle car elle travaille dans les dimensions de l’être, du faire et de l’avoir.

3.-L’économie du don est structurante car elle est la seule capable de relier contradictoriellement et de faire fonctionner ensemble le politique, le social, l’économique et l’écologique.

4.- Il est évident quand on lit les documents religieux, politiques et sociaux que l’économie du don est régie par des valeurs et pas seulement par des quantités, par des sentiments et pas seulement par le calcul

Afin de comprendre le fonctionnement de l’économie du don et arriver à ne pas la confondre avec l’économie capitaliste, il convient de définir les actes par lesquels ces économies se constituent.

Praxéologie :

Chaque modèle économique repose sur des actes fondamentaux qui peuvent être compris selon une structure unaire (un), binaire (deux) ou ternaire (trois). Cette définition structurale des actes fondamentaux reflète différents niveaux d’interaction et de complexité dans les relations sociales et économiques.

Structure Unaire (Un)

Dans une structure unaire, l’acte est centré sur l’individu seul, sans interaction directe avec autrui :

  • Économie des biens : L’appropriation est un acte unaire où l’individu acquiert des ressources ou des biens pour son propre usage, indépendamment des autres.
  • Économie des liens : La réflexivité est également unaire, impliquant une auto-évaluation ou une introspection de l’individu sur ses propres actions et leur impact sur la communauté sans interaction directe avec d’autres.

Structure Binaire (Deux)

La structure binaire implique une interaction directe entre deux parties, souvent basée sur l’échange :

  • Économie des biens : La transaction est binaire, impliquant un échange matériel qui engage les parties dans des obligations mutuelles liées à un paiement et à la livraison d’un bien ou d’un service.
  • Économie des liens : La réciprocité est binaire et repose sur un échange symbolique où les deux parties sont engagées dans une relation de dons mutuels.

Structure Ternaire (Trois ou plus)

La structure ternaire étend les interactions au-delà de deux entités, englobant des effets plus larges ou des groupes plus grands :

  • Économie des biens : La distribution, qui est un acte ternaire, concerne la répartition des ressources au sein de la communauté ou de la société, impliquant souvent plusieurs parties, comme les producteurs, les distributeurs, et les consommateurs.
  • Économie des liens : La transmission, un acte ternaire, se rapporte au partage de connaissances, de traditions ou de biens à travers une communauté ou entre générations, touchant souvent un grand nombre de personnes.

Les trois modèles économiques :

Quand on se livre à une analyse éthique des pratiques économiques et sociales, nous voyons apparaitre trois grands modèles économiques qui sont l’économie des biens, des liens et des besoins.

Chacun de ces modèles économiques repose sur des actes fondamentaux qui les caractérisent et indiquent à la fois leur fonctionnement et leur portée en termes de développement humain.

1. Economie des biens :

Niveau 1 : L’appropriation

« ll a pris tout le pain pour lui et n’a rien laissé aux autres»

Dans le graphe, cela est représenté par un nœud qui centre tout sur lui-même.

On parle d’un ordre solitaire d’appropriation. Quand cette pulsion d’appropriation devient trop forte, elle se transforme en accaparation, en convoitise, en avarice, et en égoïsme.

L’appropriation fonde l’ordre de l’économie des choses. Peu importe que cette propriété soit individuelle ou collective, c’est tout le rapport au monde qui en sort transformé.

On connaît la célèbre phase de Rousseau : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne ».

Comment nous défaire de l’emprise énorme du droit de propriété dans l’existence humaine ?

Nous sommes à la fois créateurs et créatures. En tant que créature, notre nature animale nous oblige à agir pour assurer notre survie ; cet acte pourrait être caractérisé par le mot prendre.

En tant que créateur, nous sommes capables d’accomplir l’acte « librement accepté », dont l’essentiel est de donner : les créations les plus géniales de l’histoire humaine procèdent du don de soi et sont guidées par une recherche puissante de valeur, que celle-ci soit la beauté, la vérité, la justice…

L’égoïsme de l’animal préserve la race, c’est dans l’ordre des choses. Les grands trusts, producteurs de poisons, d’armes, de mensonges, de destructions, avec leur avidité égoïste de profit, menacent la race humaine dans son ensemble. Si par contre l’homme se sent responsable de son univers, il peut alors atteindre à la dignité de l’homme qui participe à la création divine : c’est dans cette unité que l’on peut espérer atteindre la satisfaction de tous les besoins.

Niveau 2 : La transaction

« Il a échangé un pain contre dix grammes de viande »

Dans le graphe, cela est représenté par deux nœud qui échangent des biens et services.

On parle d’un ordre binaire de la transaction. Dans la théorie économique, la transaction est représentée comme un échange monétaire par lequel deux parties s’engagent à respecter leurs obligations : celle de payer et celle qui consiste à livrer un bien ou un service. La plupart des actions économiques modernes prennent la forme d’une transaction, qu’il s’agisse d’une vente, d’un prêt, d’une location, d’une intermédiation, d’une sous-traitance, d’un réseau de franchise… etc.

Le problème de cette approche réside dans la définition comportementale de l’homo economicus, qui est censé chercher à maximiser en permanence ses intérêts strictement économiques.

L’échange est sain s’il est équilibré. Mais si chaque agent ne cherche qu’à maximiser son profit et son taux d’intérêt, alors on se rapproche dangereusement du niveau 1.

A l’inverse, l’échange qui dépasse le simple équilibre comptable des valeurs données et reçues pour maximiser le bénéfice mutuel de tous les agents se rapproche du niveau 3.

Le défi au niveau 2 est d’éviter la régression vers un comportement où l’égoïsme prédomine, typique du niveau 1. Si les acteurs économiques se limitent à maximiser leur propre gain sans considération pour les effets de leurs actions sur la société ou sur l’environnement, la transaction devient un simple outil d’accumulation et non un moyen de progrès mutuel. Cela crée un risque de dégradation des valeurs sociales et d’augmentation des disparités, pouvant conduire à des conflits.

Par ailleurs, pour progresser vers le niveau 3, les acteurs dans une transaction doivent adopter une vision plus inclusive, considérant non seulement les bénéfices immédiats de l’échange, mais aussi les impacts à long terme sur la communauté et l’environnement. Cela implique une évolution de l’homo economicus vers un agent plus conscient et responsable, qui reconnaît que la vraie valeur d’une transaction réside non seulement dans l’équilibre immédiat des échanges, mais aussi dans la contribution à un bien-être collectif durable. On pourrait comparer cela à une logique du Tiers Inclus.

Niveau 3 : La distribution

« Chaque personne reçoit une portion égale de pain, indépendamment de son niveau de contribution. »

Dans ce modèle, représenté graphiquement par plusieurs nœuds interconnectés distribuant et recevant des ressources de manière équilibrée, on parle d’une structure ternaire de répartition des ressources.

Cette approche transcende la simple transaction binaire en intégrant un élément crucial : la notion de justice distributive et de bien-être collectif. La distribution dans ce contexte ne se limite pas à la redistribution matérielle, mais inclut également la distribution des opportunités, des droits et des responsabilités au sein de la société. Elle est à la fois une attribution, une contribution, un rôle et un héritage.

La distribution est l’une des raison d’être profonde des Etats, et notamment de cette forme d’Etat moderne que l’on appelle l’Etat Providence. Dans cette perspective, l’économie de la distribution est vue non seulement comme une fonction de répartition des biens et des services, mais aussi comme un moyen de rééquilibrage social. Elle vise à atténuer les inégalités engendrées par les structures de marché et à promouvoir une société plus juste. Cela se manifeste par divers mécanismes tels que la fiscalité progressive, les systèmes de sécurité sociale, et les programmes de transfert de revenus.

Contrairement à l’approche traditionnelle qui voit dans la distribution un acte final, post-production, ce niveau envisage la distribution comme intégrée à l’ensemble du processus économique, affirmant que la manière dont les biens sont distribués influence directement la production et la consommation futures. Une telle démarche se fonde sur certaines valeurs fondamentales, notamment celle qui énonce que chaque membre de la société mérite de vivre dignement, non seulement en tant que contributeur économique, mais en tant qu’être humain ayant des droits inaliénables.

L’enjeu de ce niveau est de promouvoir une vision holistique qui considère l’économie non pas comme un ensemble de transactions isolées, mais comme un système interdépendant où les actions de chacun ont un impact sur le bien-être collectif. Cela remet en question les fondements mêmes de la propriété et de l’accumulation individuelle, prônées par les niveaux inférieurs, et appelle à une conscience collective où l’homme se perçoit non seulement en tant qu’agent économique, mais aussi en tant que membre actif et responsable d’un écosystème plus vaste.

L’approche ternaire de la distribution reflète donc une maturité économique et sociale où la prospérité n’est pas mesurée par la quantité accumulée par quelques-uns, mais par la capacité de la société à répondre aux besoins de tous. C’est dans ce cadre que se développent des idées telles que l’économie circulaire, le développement durable, et l’économie de fonctionnalité, qui visent toutes à optimiser les systèmes de production et de consommation de manière à maximiser l’utilité sociale tout en minimisant les dégradations environnementales et sociales.

2. Economie des liens :

Niveau 1 : La réflexivité

Dans le contexte de l’économie du don, la réflexivité, comprise comme l’acte de s’accorder à soi-même un bienfait, peut être interprétée à travers le prisme de l’anthropologie sociale et culturelle.

Historiquement et dans diverses cultures, l’économie du don ne concerne pas seulement l’échange de cadeaux ou de services entre individus ou groupes, mais intègre également des dimensions de statut, de pouvoir, de solidarité et de construction de son identité au sein de la communauté.

L’anthropologue Marcel Mauss, dans son œuvre fondamentale “Essai sur le don”, formule et théorie du don (1925), a exploré la notion de réciprocité et les obligations de donner, recevoir et rendre qui sous-tendent les systèmes de dons dans différentes sociétés. Ces pratiques ne se limitent pas à l’altruisme pur ; elles servent également à tisser et renforcer les liens sociaux, à établir l’honneur et le prestige, et à stabiliser les structures sociales afin de réduire les tensions.

Application de la réflexivité dans l’économie du don :

  1. Renforcement de l’identité personnelle et sociale : Dans une économie du don, s’accorder à soi-même un bienfait peut signifier renforcer sa propre position ou statut au sein de la communauté. En cultivant des qualités ou des ressources désirables (comme la générosité, la sagesse, ou l’habileté), une personne peut se positionner comme un membre précieux et respecté de la société.
  2. Création de valeur personnelle et communautaire : En se dotant de compétences ou de connaissances qui peuvent ensuite être offertes à la communauté, un individu contribue à la valeur collective tout en améliorant son propre bien-être. Cela peut être vu comme une forme de réflexivité où l’individu enrichit son propre capital social, qui à son tour bénéficie à la communauté.
  3. Pratique de l’auto-conservation et de l’auto-amélioration : Dans le cadre anthropologique, se donner à soi-même peut également être interprété comme une stratégie pour maintenir et améliorer sa propre situation dans un système où la réciprocité et l’équilibre des échanges sont cruciaux. Cela peut inclure l’éducation personnelle, la santé, ou le développement spirituel qui, bien que bénéfiques à l’individu, sont également valorisés par la communauté.
  4. Éthique du care : S’accorder soin et attention peut être une extension de l’éthique du care, qui valorise la préoccupation des autres et de soi dans une société. Cette forme de réflexivité peut renforcer les normes sociales qui valorisent le soutien mutuel et le bien-être collectif.

En somme, dans l’économie du don, la réflexivité est un acte complexe qui implique de se donner à soi-même non seulement pour améliorer sa propre condition, mais aussi pour renforcer sa contribution et son intégration dans sa communauté. Cela reflète la vision anthropologique selon laquelle les actes individuels sont souvent profondément ancrés dans et influencés par le tissu social et culturel.

Niveau 2 : La réciprocité

La réciprocité désigne un système d’échanges où des biens, des services, ou des faveurs sont donnés avec l’attente qu’une forme de retour équivalent sera effectuée, soit immédiatement, soit dans le futur. Ce n’est pas nécessairement un échange immédiat ou strictement équivalent en termes de valeur matérielle, mais plutôt un équilibre d’obligations mutuelles qui peut se perpétuer sur une longue période.

Types de réciprocité : Marcel Mauss, dans son analyse du don, distingue plusieurs types de réciprocités :

  • Réciprocité généralisée : le retour du don n’est pas immédiat ni précisément quantifié, basé sur la confiance et l’altruisme, souvent observé dans les relations familiales ou intimes.
  • Réciprocité équilibrée : le retour du don est effectué dans un délai et une valeur plus ou moins équivalents, typique des relations entre connaissances ou relations commerciales.
  • Réciprocité négative : cherche à obtenir quelque chose en donnant le moins possible, souvent dans des situations de compétition ou de tentative de tromperie.

Fonction sociale de la réciprocité : La réciprocité est un mécanisme de renforcement des liens sociaux et de la cohésion de groupe. Elle instaure une interdépendance qui aide les communautés à survivre économiquement et socialement. En répondant aux besoins des autres, les individus ou les groupes renforcent leur propre sécurité et bien-être, en créant un réseau de soutien mutuel.

Applications culturelles et sociales

1. Réciprocité et cohésion sociale : Les incitations à donner, recevoir et rendre contribuent à la structure sociale en créant des liens de dépendance et des alliances. Cela permet également de distribuer des ressources de manière plus ou moins égalitaire au sein de la communauté.

2. Réciprocité et résolution des conflits : La réciprocité peut également servir de mécanisme de résolution des conflits. En équilibrant les échanges, elle permet de gérer les tensions et de maintenir l’harmonie au sein du groupe. C’est le mouvement inverse de la vengeance.

3. Évolution de la réciprocité : Dans les sociétés modernes, bien que les formes traditionnelles de réciprocité puissent paraître atténuées, elles subsistent sous des formes adaptées comme les réseaux d’entraide, le bénévolat, ou les pratiques économiques alternatives telles que les systèmes d’échange local (SEL) ou les monnaies locales. En somme, la réciprocité en anthropologie révèle comment les échanges mutuels façonnent les dynamiques sociales, économiques et culturelles, et souligne l’importance du don comme pilier des relations humaines et de la structure sociale / écologique.

Niveau 3 : La transmission

Dans le contexte anthropologique, le concept de transmission (ou “transidon”) réfère à la manière dont les valeurs, les connaissances, les biens et les responsabilités se déplacent à travers les individus et les générations. Cet acte est central dans la formation des cultures et la perpétuation des sociétés.

L’idée d’une transmission ternaire, où le don passe successivement entre trois parties, dépasse la forme des échanges réciproques traditionnels en mettant en lumière une chaîne plus longue d’interdépendance et de coopération qui peut s’étendre à l’ensemble de l’humanité (le Tout Autre).

L’ordre ternaire de la transmission

Concept de l’ordre ternaire : On parle d’un ordre ternaire de la transmission. Si on a tous reçu quelque chose de nos ancêtres, on a tous quelque chose à donner à nos successeurs. Emprunter de l’argent pour le rendre n’est pas quelque chose de l’ordre d’un don puisque l’argent ne nous a pas été donné. Donc la vraie solution est la transitivité du don, qui au lieu d’être symétrique comme dans l’échange, passe de l’un à l’autre comme dans le don. Cette idée d’une trajectoire ou d’un chemin de la valeur est essentielle pour comprendre ce que signifie la transmission.

Dynamique de la transmission : La métaphore du joueur de football qui reçoit la balle et la passe pour permettre un but illustre parfaitement ce principe. Le joueur ne garde pas la balle pour lui-même, mais utilise son action pour bénéficier à toute l’équipe. De même, dans une société, les individus reçoivent des connaissances, des valeurs ou des biens qu’ils sont ensuite encouragés à transmettre, enrichissant ainsi la communauté entière. La transmission est une exponentielle de l’enrichissement.

La transmission dans les sociétés traditionnelles et modernes

Qui transmet ? Les transmetteurs sont souvent ceux qui détiennent des connaissances ou des ressources précieuses. Dans les sociétés traditionnelles, cela peut être des anciens, des chamanes, ou des maîtres artisans. Dans les sociétés modernes, ce rôle peut être joué par des éducateurs, des leaders communautaires, ou des parents.

Comment transmettre ? La transmission peut se faire de diverses manières, allant de l’enseignement formel à la démonstration pratique, en passant par les récits oraux et les exemples personnels. L’important est que le mode de transmission soit adapté à la nature du don et à la capacité de réception des destinataires.

À qui transmettre ? Le choix du destinataire est crucial. Il doit s’agir de personnes ou de groupes capables de comprendre, de valoriser et de perpétuer le don reçu. Cela assure la durabilité et l’efficacité de la transmission, renforçant la cohérence et la continuité culturelle.

Importance symbolique de la transmission

La transmission n’est pas seulement un acte matériel ou éducatif ; elle possède une profondeur symbolique significative. Elle reflète et renforce les valeurs de la société, telles que la générosité, la responsabilité et l’interdépendance. Dans un sens plus large, elle aide à maintenir l’identité culturelle et à favoriser la cohésion sociale.

La transmission dépasse la simple distribution proposée par l’Etat Providence qui menace toujours de faire sombrer des groupes entiers de populations dans l’assistanat perpétuel et le clientélisme politique. Elle met également en garde contre toutes les formes d’aides sociales financées par de la dette qui peuvent devenir inéquitables si elles portent atteinte aux conditions de vie des générations futures.

En somme, la transmission dans laquelle chacun reçoit pour donner à son tour est une forme de responsabilité vis à vis de la structure qui assure non seulement la survie des savoirs et des traditions, mais également la solidarité et le bien-être collectif à travers les générations.

3. Economie des besoins :

Niveau 1 : La réflexivité

Dans l’économie du don, la réflexivité consiste à s’accorder à soi-même un bienfait.

Appliquer le principe de la réflexivité aux 12 besoins fondamentaux énoncés par Manfred Max-Neef permet de réfléchir à comment on peut se procurer soi-même ces bienfaits essentiels, plutôt que de les attendre d’autres personnes ou de l’extérieur.

Voici une réflexion sur comment cette approche peut être mise en œuvre pour chaque besoin :

  1. Subsistance : S’accorder à soi-même le bienfait de la subsistance peut consister à prendre soin de sa santé par une alimentation équilibrée et un logement adéquat, ou encore par l’acquisition de compétences qui garantissent l’autonomie, comme le jardinage ou la cuisine.
  2. Protection : Se protéger soi-même peut inclure la prise de décisions pour assurer sa sécurité physique et émotionnelle, comme choisir des environnements sûrs et établir des limites personnelles claires dans ses relations ou ses déplacements.
  3. Affection : S’accorder de l’affection peut se faire par la douceur, la compassion vis vis de soi, et le maintien de relations positives avec soi-même, par exemple en se parlant gentiment, en n’étant pas trop dur avec soi-même, et en se pardonnant ses erreurs.
  4. Compréhension : Cela implique de s’engager activement dans l’apprentissage et la réflexion personnelle, que ce soit par la lecture, l’éducation formelle ou l’auto-évaluation régulière de ses propres expériences et croyances. On parle d’un processus de conscientisation.
  5. Participation : Participer activement dans sa propre vie peut signifier prendre des initiatives, s’engager dans des projets communautaires ou simplement exprimer ses opinions et prendre part à des décisions qui affectent sa vie personnelle et nous permettent de lui donner du sens.
  6. Loisir : S’accorder du loisir signifie prendre du temps pour des activités qui détendent et revitalisent, qu’elles soient physiques, créatives ou contemplatives.
  7. Création : Se donner les moyens de créer implique de se donner du temps et de l’espace pour donner libre cours à ses propres expressions personnelles, qu’il s’agisse d’art, d’écriture, de musique, de conception, ou d’autres formes de créativité.
  8. Identité : Développer sa propre identité peut se faire par l’exploration et l’affirmation de ses valeurs, croyances, et traits uniques, tout en respectant et intégrant les influences culturelles et sociales. Cela peut permettre de mieux s’accorder avec ce que l’on est.
  9. Liberté : S’accorder la liberté implique de faire des choix autonomes et de prendre la responsabilité de ces choix, en reconnaissant et en respectant également la liberté des autres.
  10. Justice : Etre juste vis-à-vis de soi peut signifier se défendre et revendiquer l’équité dans ses interactions, ainsi que reconnaître et rectifier ses propres préjugés et comportements injustes.
  11. Nature : S’harmoniser avec sa propre nature peut consister à privilégier les moments d’introspection mais également passer du temps dans des environnements naturels, à pratiquer la durabilité dans ses choix de vie, et à cultiver une relation respectueuse avec ses semblables.
  12. Transcendance : Se permettre des expériences de transcendance peut impliquer la pratique de la spiritualité ou de la méditation, la recherche de sens au-delà du matériel, et l’exploration de la connexion avec le plus grand tout comme étant la meilleure réponse à la peur de la mort.

En pratiquant la réflexivité de cette manière, on peut non seulement répondre à ses propres besoins de manière proactive, mais aussi contribuer à une vie plus équilibrée et intégrée, donc plus heureuse.

Niveau 2 : La réciprocité

Dans l’économie du don, la réciprocité consiste à s’accorder mutuellement un bienfait.

Appliquer le principe de réciprocité aux 12 besoins fondamentaux énoncés par Manfred Max-Neef dans un contexte de soutien mutuel offre une perspective enrichissante sur la manière dont les individus et les communautés peuvent interagir pour améliorer leur bien-être collectif.

Voici comment cela pourrait se manifester pour chaque besoin :

  1. Subsistance : Les membres d’une communauté peuvent échanger des ressources comme de la nourriture, de l’eau, et des moyens de logement. Par exemple, un groupe pourrait partager les récoltes d’un jardin communautaire ou s’entraider pour la construction de logements.
  2. Protection : La réciprocité dans la protection pourrait se traduire par des systèmes de soutien mutuel pour la sécurité personnelle, comme des rondes de voisinage, ou la mise en commun de ressources pour l’assurance ou des fonds d’urgence.
  3. Affection : Les échanges affectifs comprennent le soutien émotionnel, l’encouragement, et la solidarité en temps de besoin. Des pratiques comme l’écoute active et l’expression ouverte des sentiments renforcent les liens interpersonnels.
  4. Compréhension : La réciprocité ici peut être vue dans le partage de connaissances et d’expériences, l’éducation mutuelle, ou les discussions de groupe qui enrichissent la compréhension collective et permettent d’améliorer la confiance générale.
  5. Participation : Encourager la participation de tous les membres de la communauté dans la prise de décision et dans les projets communs assure que chacun a une voix et que les bénéfices sont partagés. Cette participation est le fondement des valeurs de la démocratie.
  6. Loisir : Le partage des loisirs et la création d’espaces communs pour le jeu et la détente favorisent le bien-être collectif et les relations sociales.
  7. Création : La collaboration sur des projets créatifs, comme l’art communautaire ou les ateliers de musique, permet de partager des compétences et des inspirations, enrichissant ainsi la créativité de chacun. Cela fournit des environnements stimulants pour la création.
  8. Identité : La réciprocité dans le soutien des identités individuelles et collectives peut se manifester par la célébration des traditions culturelles et par le respect des expressions personnelles diverses.
  9. Liberté : Soutenir la liberté des autres, tant qu’elle ne nuit pas à autrui, et défendre ensemble les droits à l’autodétermination individuelle et collective.
  10. Justice : La justice réciproque peut impliquer le soutien dans les luttes pour l’égalité, la défense des droits de chacun, et la contribution à un système équitable.
  11. Nature : Le partage des efforts pour protéger et restaurer l’environnement, comme dans le reboisement ou la gestion durable des ressources naturelles locales.
  12. Transcendance : La réciprocité en matière de transcendance peut inclure le partage d’expériences spirituelles, le soutien aux pratiques méditatives ou religieuses des autres, et la recherche commune de sens plus profond pour faire face aux grandes questions existentielles.

En somme, la réciprocité appliquée aux besoins fondamentaux crée un tissu de relations où le bien-être de l’individu est directement lié au bien-être de la communauté, formant ainsi une structure de soutien solide et durable. On pourrait parler à son sujet d’une économie de la bienveillance.

Niveau 3 : La transmission

Dans l’économie du don, la transmission consiste à accorder un bienfait à une personne dans le but qu’elle puisse elle aussi accorder un bienfait à d’autres personnes. On parle de transidon pour mettre en avant le caractère transitif de la transmission ainsi que sa structure ternaire. Dans la transmission, il existe toujours un sujet commun ou un objet commun ou un chemin commun qui sert à médiatiser le rapport aux autres.

Appliquer l’acte de transmission pour satisfaire les besoins dans une perspective humaniste met en lumière comment la structure ternaire unilatérale de l’économie du don peut être exploitée pour créer une culture de générosité et de responsabilité partagée. En considérant chaque besoin fondamental, nous pouvons voir comment la transmission, plutôt que la simple réciprocité, enrichit une communauté entière :

  1. Subsistance : La transmission de ressources, comme la nourriture ou les vêtements, peut devenir un modèle pour des programmes communautaires où ceux qui ont reçu de l’aide s’engagent à leur tour dans des initiatives de soutien, telles que des banques alimentaires ou des coopératives.
  2. Protection : Des pratiques de partage sécurisé de l’habitat ou de formation aux premiers secours peuvent inspirer des individus à former d’autres personnes, créant ainsi des réseaux de sécurité renforcés dans les communautés.
  3. Affection : En partageant ouvertement soutien et amitié, les individus peuvent encourager une culture d’empathie et de soin mutuel, où les gestes d’affection sont non seulement appréciés mais également répandus.
  4. Compréhension : L’éducation, partagée de manière libre et accessible, crée des opportunités pour que les savoirs soient non seulement acquis mais aussi transmis à d’autres, favorisant une société plus informée et équilibrée.
  5. Participation : Encourager la participation à des projets communautaires ou des décisions collectives crée un modèle de gouvernance participative où chaque engagement inspire et motive une participation plus large.
  6. Loisir : Partager des activités récréatives et culturelles enrichit la vie communautaire et encourage les bénéficiaires à organiser à leur tour des événements, perpétuant un cycle de loisir partagé et d’appartenance.
  7. Création : Le partage de compétences artistiques et créatives peut inspirer d’autres à développer et à partager leurs propres talents, enrichissant ainsi la culture locale de manière organique.
  8. Identité : En mettant en valeur et en respectant les diverses identités au sein d’une communauté, on peut encourager un respect mutuel qui, à son tour, promeut une compréhension et une célébration plus larges des différences.
  9. Liberté : Promouvoir et défendre activement les libertés personnelles peut motiver d’autres à s’engager pour les droits civiques, créant une société où la liberté est non seulement chérie mais aussi vigoureusement protégée.
  10. Justice : La transmission d’initiatives de justice sociale et d’équité peut inciter à une plus grande mobilisation communautaire pour les droits de tous, renforçant le tissu social et la cohésion.
  11. Nature : Partager des pratiques durables et respectueuses de l’environnement peut engendrer une prise de conscience et des actions écologiques parmi les communautés, soutenant ainsi la conservation à long terme.
  12. Transcendance : La transmission de pratiques spirituelles ou méditatives peut encourager un bien-être collectif et une exploration personnelle, enrichissant la vie spirituelle de la communauté.

En intégrant la transmission dans la réponse aux besoins fondamentaux, non seulement on répond de manière immédiate à ces besoins, mais on instaure également un modèle de continuité et de pérennité. Cette approche transforme les interactions individuelles en un réseau dynamique de soutien et d’empowerment, où chaque acte de donner devient un maillon d’une chaîne de valeurs partagées et de bien-être commun qui se renforce en se multipliant par les initiatives de ses membres.

14. CONSTRUIRE UNE ECONOMIE DE LA TRANSMISSION

Concept

L’économie de la transmission repose sur une structure symbolique. Cela lui confère des propriétés mathématiques qui répondent à l’approche constructiviste.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Logique_intuitionniste

L’économie de la transmission est entièrement représentable à l’aide des graphes mathématiques qui permettent de représenter pour la première fois le continuum humain.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_graphes

Imaginer une économie continue et pas une économie discontinue, c’est passer d’une vision comptable, logique et statique à une vision systémique, analogique et dynamique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Continuum

Promouvoir une économie du développement humain consiste à concevoir des tiers lieux dans lesquels les citoyens et les citoyennes pourront réaliser des projets ensemble sur et pour leur territoire.

https://compagnie.tiers-lieux.org/

Eléments

Dans une approche constructiviste, la flèche (ou arc orienté entre deux ou plusieurs nœuds) est la brique fondamentale permettant de représenter le chemin de la transmission.

La flèche représente également la logique implicative (if… then) à partir de laquelle on peut construire l’ensemble des smart contracts qui sont des instruments de transaction.

Pour le graphe de gestion des besoins et des capacités, on a 5 éléments de base :

- Le besoin individuel

- Le besoin collectif

- La capacité individuelle

- La capacité collective

- Le tout autre (besoin, capacité)

Le cinquième élément permet d’introduire une logique du tiers inclus. Dans une économie comptable et monétaire, le tout autre n’existe pas. Le tiers (Il, On, Nous, Vous) est exclu au profit d’un équilibre quantitatif et comparatif entre deux agents, deux objets, ou deux valeurs (Je, Tu).

Le niveau de la transaction binaire représente un progrès par rapport à l’appropriation solitaire basée sur l’individualisme dans la mesure où elle reconnaît pour la première fois l’existence de l’autre.

Dans ce face à face entre je et tu, on peut voir s’établir une relation duale basée sur la complexité et la complémentarité des rôles, mais cela peut aussi déboucher sur un duel basé sur la compétition.

Afin de dépasser ce rapport conflictuel, il convient de réintroduire le tiers qui avait été exclu de la relation de transaction binaire. Cette inclusion permet d’élargir et de complexifier la transaction au tiers.

Pour que s’instaure un rapport ternaire de transmission, il convient de dépasser le rapport à un autre afin d’envisager le rapport à tous les autres. Cette introduction du tout autre signifie le tiers inclus.

Opérateurs

Les liens entre les 5 éléments produisent un langage des rapports besoin — capacité permettant de représenter les graphes des capacités synergétiques et des besoins synergétiques.

C’est par la réitération de tous les « autres » besoins et de toutes les « autres » capacités que s’exprime l’activité multi-dimensionnelle sur laquelle se fonde tout le développement humain.

Besoin individuel => Besoin collectif

Capacité individuelle => Capacité collective

Besoin individuel => Autre besoin individuel

Capacité individuelle => Autre capacité individuelle

Capacité individuelle => Besoin individuel

Capacité collective => Besoin collectif

Quel sens donner aux flèches de l’implication ?

Répondre à cette question revient à choisir les opérateurs qui vont permettre de connecter les éléments.

Si l’on recherche des opérateurs qui rendent compte du fonctionnement des besoins et des capacités, alors quatre termes suffisent pour concevoir symboliquement toutes les articulations :

Le besoin individuel « satisfait » le besoin collectif

Le besoin individuel « suscite » le besoin collectif

La capacité individuelle « produit » la capacité collective

La capacité individuelle « utilise » la capacité collective

Si l’on s’en tient à des relations positives basées sur la preuve réelle (approche constructiviste), on ne retiendra alors que le critère de la « réalisabilité ».

La capacité A « réalise » le besoin B : A=> B

Le satisfacteur A « réalise » les besoins A, B, C, D : A=>A, B, C, D

La capacité collective B « réalise » les capacités individuelles A., B, C : B=>A, B, C

Trinification

Transmission et ordre ternaire : C’est parce que les relations sont trinifiées que l’on génère une structure d’échange transitif et plus seulement réciproque. Cette forme d’échange trinifiée est plus complexe dans la mesure où elle ne cherche plus seulement à satisfaire des objectifs de moyens mais des objectifs de valeurs. On peut donc en déduire que seule cette nouvelle forme d’échange trinifié est susceptible de satisfaire l’ensemble de nos besoins, ceux par lesquels nous concevons et réalisons nos valeurs.

Dans la mesure où le processus de systématisation des rapports entre besoin et capacité n’est pas quantitatif et comptable, mais qualitatif et algébrique, il n’est pas étonnant que l’instrument central permettant de le construire et de le représenter se fonde sur les structures et les graphes.

L’objectif n’est plus de produire de la quantité, mais il est de produire de la structure.

En effet, c’est la structure qui est le fondement du vivant, du qualitatif, des valeurs et de leur transmission.

Les rapports besoin-capacité-valeur trinifiés fournissent les termes d’une batterie de contrats.

Autrement dit : on peut construire toutes les propositions de valeurs sur la seule fonction d’implication.

On pourrait dire qu’il s’agit là d’une pensée de la transitivité sociale : Action — Moyen — Résultat

Exemple ternaire vertueux :

La capacité individuelle « utilise » la capacité collective pour « produire » une autre capacité collective

Une capacité individuelle « utilise » une autre capacité individuelle pour « satisfaire » un besoin individuel

Une capacité individuelle qui « satisfait » un besoin individuel peut aussi « satisfaire » d’autres besoins individuels. Exemple : l’allaitement satisfait le besoin de nutrition, d’affection, de protection de l’enfant.

Exemples ternaires vertueux :

La combinaison de deux besoins à satisfaire de manière synergétique produit une valeur.

La valeur est une force d’action qui médiatise le rapport entre le besoin et la capacité.

La construction synergétique des besoins et des capacités est une grande découverte

Règles

Il existe une logique des besoins qui donne naissance à un langage des besoins :

- Le nombre de besoins est limité, mais la manière de les satisfaire est infinie

- Tous les besoins peuvent être satisfait et il ne convient pas de les prioriser ni de les choisir

- Il existe de bons et de mauvais satisfacteurs pour répondre aux différents besoins

- Satisfaire réellement un besoin consiste à trouver et choisir les bons satisfacteurs

- Les besoins produisent les capacités, et les capacités produisent les besoins

- Les besoins sont des potentiels alors que les capacités sont des réalisations

Le langage des besoins constitue un langage de règles que l’on peut codifier et programmer afin de construire des propositions de valeur au service du développement humain.

On peut également mentionner qu’il existe une psychologie des besoins et des capacités.

Ce que nous appelons capacité désigne ici seulement une capacité à être, faire ou avoir (activité). Ce que nous appelons besoin désigne ici une volonté d’être, de faire ou d’avoir (passivité).

Il y a d’un côté des potentiels et de l’autre des réalisations

Dans la perspective d’une économie du développement humain, cette psychologie des besoins et des capacités permet de définir notre rapport à la technologie : une technologie est humainement bénéfique si elle contribue à satisfaire ou à augmenter une capacité humaine, mais elle est humainement néfaste si elle a pour conséquence d’empêcher la satisfaction d’un besoin ou de détruire des capacités humaines.

Maximisation

Au final quand on se réfère à la liste limitée des besoins universels, on peut considérer que l’enjeu se trouve dans la maximisation synergétique de tous les besoins et de toutes les capacités.

Les rapports entre les besoins et les capacités est un graphe de grande complexité.

Cela produit un maillage très riche et complexe basé sur un nombre élevé de combinaisons possibles :

- La satisfaction d’un besoin individuel suscite plusieurs autres besoins individuels

- La satisfaction d’un besoin collectif satisfait plusieurs autres besoins individuels

- La satisfaction d’un besoin individuel satisfait plusieurs autres besoins individuels

- La satisfaction d’un besoin collectif satisfait plusieurs autres besoins collectifs

- La production d’une capacité individuelle utilise plusieurs autres capacités individuelles

- La production d’une capacité collective utilise plusieurs autres capacités individuelles

- La production d’une capacité individuelle produit plusieurs autres capacités individuelles

- La production d’une capacité collective produit plusieurs autres capacités collectives

Propositions de valeurs

La création de propositions trinifiées basées sur les éléments fondamentaux et les relations implicatives que nous avons décrites offre une vision riche et complexe des interactions socio-économiques. Ces propositions visent à illustrer comment des besoins et des capacités individuels et collectifs interagissent dynamiquement pour former une structure d’échange socio-économique holistique et synergique.

Les propositions de valeurs que nous présentons ci-dessous fonctionnent à partir des 5 éléments de base et des 4 connecteurs dans le but de produire des structures ternaires de satisfaction des besoins et de réalisation des capacités. L’intérêt d’une telle approche est de susciter des initiatives et des idées qui permettront de mettre autour de la table des porteurs de projets, des collectivités, des propriétaires, pour activer cette logique du « tiers inclus » au service de leur territoire et de leur communauté.

Voici dix propositions trinifiées qui explorent ces dynamiques :

1. Une capacité individuelle “utilise” une capacité collective pour “satisfaire” un besoin collectif

  • Exemple : Un artisan (capacité individuelle) utilise des infrastructures publiques (capacité collective) pour créer des œuvres d’art (besoin collectif de beauté et culture) appréciées par la communauté.

2. Un besoin individuel “suscite” une capacité collective qui “réalise” d’autres besoins individuels.

  • Exemple : La curiosité d’un élève (besoin individuel) motive la création d’une bibliothèque communautaire (capacité collective) qui, à son tour, satisfait les besoins d’apprentissage d’autres élèves.

3. Une capacité collective “produit” une autre capacité collective qui “satisfait” un besoin collectif.

  • Exemple : Un programme de recyclage communautaire (capacité collective) encourage la création d’initiatives de compostage (autre capacité collective) qui répondent à l’objectif commun de durabilité environnementale (besoin collectif).

4. Une capacité individuelle “utilise” une autre capacité individuelle pour “satisfaire” un besoin collectif.

  • Exemple : Un développeur de logiciels (capacité individuelle) collabore avec un designer graphique (autre capacité individuelle) pour créer une application éducative gratuite (satisfaisant un besoin collectif d’éducation).

5. Un besoin collectif “suscite” une capacité individuelle qui “réalise” un autre besoin individuel.

  • Exemple : La demande communautaire pour une alimentation saine (besoin collectif) inspire un agriculteur local (capacité individuelle) à cultiver des produits bio, satisfaisant ainsi son besoin personnel de vivre un mode de vie durable.

6. Une capacité individuelle “produit” un besoin individuel qui “suscite” une capacité collective.

  • Exemple : L’invention d’un entrepreneur (capacité individuelle) répond à son propre besoin de simplifier les tâches quotidiennes (besoin individuel), ce qui conduit à la formation d’une startup offrant des solutions innovantes (capacité collective).

7. Un besoin individuel “suscite” une autre capacité individuelle qui “satisfait” un besoin collectif.

  • Exemple : L’intérêt personnel d’un scientifique pour l’énergie renouvelable (besoin individuel) l’amène à développer de nouvelles technologies solaires (autre capacité individuelle), contribuant ainsi à la transition énergétique de la société (besoin collectif).

8. Une capacité collective “utilise” un besoin collectif pour “produire” une autre capacité collective.

  • Exemple : Une coopérative agricole (capacité collective) répond à la demande communautaire pour des aliments locaux (besoin collectif) en établissant un système de distribution directe aux consommateurs (autre capacité collective).

9. Un besoin individuel “réalise” une capacité individuelle qui “satisfait” un autre besoin individuel.

  • Exemple : La passion d’un musicien pour son art (besoin individuel) cultive son talent et sa technique (capacité individuelle), lui permettant de composer des musiques qui apaisent et inspirent d’autres individus (satisfaction d’autres besoins individuels).

10. Une capacité individuelle “satisfait” un besoin individuel qui “suscite” un autre besoin individuel.

  • Exemple : La capacité d’un éducateur à enseigner (capacité individuelle) satisfait le besoin de connaissance d’un étudiant (besoin individuel), ce qui éveille chez cet étudiant une nouvelle curiosité pour des sujets connexes (suscitation d’autres besoins individuels).

Ces propositions illustrent le potentiel de création de synergies et de dynamiques positives au sein des sociétés, en mettant l’accent sur la manière dont les capacités et les besoins, à la fois individuels et collectifs, peuvent s’entrelacer pour générer des résultats bénéfiques multiples.

10 autres exemples ternaires vertueux :

Les exemples ternaires vertueux dans le contexte d’une économie trinifiée des rapports capacités-besoins illustrent comment les interactions dynamiques entre besoins individuels, capacités individuelles, et collectives peuvent générer des bénéfices multiples et renforcés au sein d’une communauté. Voici dix exemples illustrant cette dynamique positive :

  1. Un individu “utilise” sa compétence en communication pour “renforcer” la capacité collective à collaborer, ce qui “produit” un environnement de travail plus cohésif et efficace.
  2. Une personne “partage” sa connaissance en agriculture durable avec la communauté, ce qui “augmente” la capacité collective à produire de la nourriture de manière écoresponsable, “satisfaisant” ainsi le besoin collectif de sécurité alimentaire et de protection de l’environnement.
  3. Un artisan “emploie” son expertise dans l’artisanat traditionnel pour “créer” des opportunités d’apprentissage pour d’autres, “cultivant” ainsi une capacité collective à préserver et valoriser le patrimoine culturel.
  4. Un éducateur “utilise” son expérience pour “développer” des programmes éducatifs innovants, qui “engagent” les jeunes dans des projets communautaires, répondant ainsi à leur besoin d’appartenance et de contribution.
  5. Un entrepreneur social “mobilise” ses ressources personnelles pour “lancer” une initiative de microcrédit, ce qui “facilite” l’accès au financement pour les petites entreprises locales, répondant aux besoins économiques individuels et collectifs.
  6. Un individu “applique” ses compétences en médiation pour “résoudre” des conflits au sein de la communauté, ce qui “renforce” la cohésion sociale et la capacité collective à gérer pacifiquement les désaccords.
  7. Un professionnel de la santé “partage” ses connaissances en soins préventifs avec la communauté, ce qui “améliore” la capacité collective à prévenir les maladies, “satisfaisant” ainsi le besoin collectif de bien-être physique.
  8. Un artiste “utilise” son talent créatif pour “inspirer” des projets artistiques communautaires, ce qui “stimule” l’expression culturelle collective et “satisfait” le besoin d’identité culturelle et de créativité.
  9. Un technologue “développe” une application mobile pour “faciliter” l’échange de services et de biens au sein de la communauté, ce qui “améliore” la capacité collective à satisfaire divers besoins individuels par l’économie de partage.
  10. Un agriculteur “emploie” des techniques de permaculture pour “augmenter” la biodiversité de son exploitation, ce qui “contribue” à la santé écologique de la communauté, “satisfaisant” les besoins individuels et collectifs en matière de nourriture saine et de protection de l’environnement.

Ces exemples montrent comment l’interaction entre les capacités individuelles et collectives peut non seulement répondre aux besoins immédiats, mais aussi contribuer à une structure socio-économique plus résiliente et intégrée, favorisant ainsi le bien-être général et le développement durable.

Syllogismes socio-économiques

Quand on analyse la construction et le fonctionnement de ces propositions de valeur trinifiées, celles-ci évoquent une structure similaire à celle des syllogismes dans la logique formelle, où une prémisse mène à une conclusion à travers une chaîne de relations causales ou logiques.

Cette manière de structurer les propositions est pertinente dans le cadre de l’économie du don et de la gestion des capacités et des besoins, car elle illustre comment les interactions entre différents éléments (individuels et collectifs) peuvent créer des résultats synergiques et bénéfiques pour l’ensemble de la communauté.

Chaque proposition crée une séquence où un élément (capacité ou besoin) en engage un autre, qui à son tour produit ou influence un troisième. Ce processus reflète une dynamique socio-économique où les actions ne sont pas isolées mais interdépendantes, contribuant à un système global plus cohérent et intégré. Cela permet non seulement de satisfaire les besoins immédiats mais aussi de renforcer les capacités collectives et individuelles, générant ainsi des bénéfices à long terme pour la société.

Ces triades sont un moyen efficace de conceptualiser et de planifier des interventions économiques et sociales qui sont plus que la somme de leurs parties, car elles intègrent une vision holistique des relations humaines et des ressources. En démontrant comment chaque action peut être à la fois une réponse et un catalyseur, cette approche en lumière la complexité et la richesse des interactions humaines dans un cadre économique plus étendu et profondément connecté.

Voici dix propositions qui reflètent cette logique propositionnelle syllogistique et tentent d’illustrer comment ces éléments peuvent s’entremêler de manière vertueuse :

1.- La capacité individuelle “produit” une capacité collective qui “satisfait” un autre besoin collectif.

  • Exemple: L’innovation d’un entrepreneur (capacité individuelle) crée une nouvelle technologie (capacité collective) qui répond à des enjeux environnementaux (besoin collectif).

2. Un besoin collectif “suscite” une capacité collective qui “utilise” une autre capacité individuelle.

  • Exemple: La demande de services de santé publique (besoin collectif) encourage le développement d’un système de santé (capacité collective) qui emploie des compétences médicales spécialisées (capacité individuelle).

3. Une capacité individuelle “utilise” un autre besoin individuel pour “produire” une capacité collective.

  • Exemple: Un artiste (capacité individuelle) s’inspire des aspirations culturelles de sa communauté (besoin individuel) pour créer une œuvre d’art public (capacité collective).

4. Un besoin individuel “suscite” un autre besoin collectif qui “est satisfait par” une capacité individuelle.

  • Exemple: La curiosité personnelle pour l’apprentissage d’une langue (besoin individuel) génère un intérêt communautaire pour des programmes d’éducation linguistique (besoin collectif), répondus par des enseignants polyglottes (capacité individuelle).

5. La capacité collective “utilise” une capacité individuelle pour “satisfaire” un autre besoin individuel.

  • Exemple: Un réseau de transports en commun (capacité collective) tire parti de l’expertise en ingénierie (capacité individuelle) pour faciliter l’accès au travail (besoin individuel).

6. Un besoin collectif “est satisfait” par un besoin individuel en “utilisant” une capacité collective.

  • Exemple: La nécessité de sécurité alimentaire à l’échelle de la ville (besoin collectif) encourage les initiatives de jardinage urbain (besoin individuel), qui s’appuient sur les connaissances en agriculture urbaine (capacité individuelle).

7. Une capacité individuelle “satisfait” un besoin individuel qui “suscite” un autre besoin collectif.

  • Exemple: La compétence en programmation informatique (capacité individuelle) permet de développer une application mobile éducative (besoin individuel) qui inspire la création d’un programme d’éducation numérique à l’échelle nationale (besoin collectif).

8. Un besoin collectif “utilise” une capacité collective pour “produire” un autre besoin individuel.

  • Exemple: La demande pour un environnement plus vert (besoin collectif) utilise les initiatives de reforestation (capacité collective) pour stimuler un intérêt individuel en botanique (besoin individuel).

9. La capacité collective “produit” un autre besoin collectif qui “est satisfait par” une capacité individuelle.

  • Exemple: Les infrastructures de recherche universitaires (capacité collective) génèrent des questions de recherche avancées (besoin collectif) qui sont explorées par des chercheurs spécialisés (capacité individuelle).

10. Une capacité individuelle “utilise” un besoin collectif pour “satisfaire” un autre besoin individuel.

  • Exemple: Un entrepreneur social (capacité individuelle) répond à la demande de solutions de logement abordable (besoin collectif) en développant un nouveau modèle de cohabitation (besoin individuel).

Systèmes comptiques

La distinction que nous introduisons entre les termes “comptique” et “comptable” dans le contexte de l’échange trinifié et de la transmission d’ordre ternaire est conceptuellement riche.

Comptable : Le terme “comptable” est généralement associé à des méthodes quantitatives, centrées sur la quantification, la mesure, et l’évaluation en termes numériques. Dans un contexte comptable, les éléments d’un échange sont évalués principalement sur la base de leur valeur monétaire ou autrement quantifiable, ce qui facilite la comparaison, le calcul, et l’agrégation des données. Cette approche est indispensable pour la gestion financière, la budgétisation, et la comptabilité traditionnelle.

Comptique : En contraste, le terme “comptique” (un néologisme probablement dérivé du concept de la computation mais orienté vers une analyse qualitative) suggérerait une approche axée sur la qualité, les valeurs, et les dimensions non quantifiables des échanges et des relations. Cette perspective reconnaît que les échanges et les interactions ne se limitent pas à des transactions de valeur monétaire mais englobent également des dimensions telles que la confiance, les normes sociales, les valeurs culturelles, et les objectifs de développement durable qui ne sont pas aisément réductibles à des chiffres. Le “comptique”, dans ce sens, pourrait impliquer l’utilisation de structures et de graphes pour représenter et analyser les réseaux de relations et d’échanges, soulignant l’importance des connections, des flux d’informations, et des dynamiques qualitatives qui façonnent les systèmes économiques et sociaux.

Opposition et complémentarité : L’opposition entre “comptique” et “comptable” met en lumière la tension entre deux modes de compréhension de l’économie et des relations sociales : l’un axé sur les mesures quantitatives et l’autre sur les analyses qualitatives. Toutefois, ces deux approches ne sont pas nécessairement mutuellement exclusives mais peuvent être considérées comme complémentaires. Alors que l’approche comptable fournit des outils essentiels pour la gestion financière et la prise de décision économique, l’approche comptique peut enrichir cette compréhension en intégrant les dimensions qualitatives et les valeurs qui sous-tendent les comportements économiques et sociaux.

On peut proposer des actions nouvelles à dimension sociale, culturelles, écologiques, technologiques, développementales, qui se fondent sur une ouverture des ressources mentionnées dans les différents comptes du plan comptable à des tiers. Cela nous permettra de définir un système comptique comme une méthodologie de gestion ouverte et transparente de la ressource (logique du tiers inclus) alors qu’un système comptable reste une méthodologie de gestion fermée et opaque de la ressource (logique du tiers exclus). Le premier accède à la structure ternaire de la transmission alors que le second se cantonne à la structure binaire de la transaction, ce qui constitue une différence considérable en terme de projet.

Voici dix propositions trinifiées qui utilisent divers comptes du plan comptable général pour une transmission qui valorise les besoins et capacités à chaque étape de la chaîne, en impliquant des tiers :

1.- Programme d’accès équitable à l’information :

  • Capacité initiale : Valeurs mobilières de placement (Classe 5, Compte 50)
  • Transmission : Financement d’infrastructures numériques publiques
  • Bénéficiaire : Permettre à des communautés éloignées l’accès à l’information et à l’éducation en ligne

2. Initiative de développement durable en agriculture :

  • Capacité initiale : Stocks de marchandises (Classe 3, Compte 37)
  • Transmission : Conversion en cultures biologiques soutenues par des techniques agricoles durables
  • Bénéficiaire : Agriculteurs locaux et consommateurs bénéficiant de produits sains et soutien à l’économie locale

3. Renforcement de la sécurité alimentaire :

  • Capacité initiale : Provisions (Classe 1, Compte 15)
  • Transmission : Création de réserves alimentaires dans des régions vulnérables
  • Bénéficiaire : Prévention de la faim et amélioration de la résilience des communautés face aux crises alimentaires

4. Programme d’inclusion financière :

  • Capacité initiale : Banques (Classe 5, Compte 51)
  • Transmission : Offre de microcrédits à des taux préférentiels pour des micro-entrepreneurs
  • Bénéficiaire : Micro-entrepreneurs accédant à des ressources financières pour développer leurs activités

5. Partenariat pour l’amélioration des infrastructures urbaines :

  • Capacité initiale : Emprunts et dettes (Classe 1, Compte 16)
  • Transmission : Investissement dans la rénovation urbaine et les espaces verts publics
  • Bénéficiaire : Amélioration du cadre de vie des résidents urbains

6. Mobilisation de compétences pour l’innovation sociale :

  • Capacité initiale : Charges de personnel (Classe 6, Compte 64)
  • Transmission : Programmes de formation en compétences sociales et environnementales
  • Bénéficiaire : Employés développant des compétences transversales et contribuant à des projets sociaux

7. Développement de l’économie circulaire :

  • Capacité initiale : Immobilisations corporelles (Classe 2, Compte 21)
  • Transmission : Transformation en centres de recyclage et de réparation
  • Bénéficiaire : Réduction des déchets, création d’emplois locaux en économie verte

8. Soutien aux initiatives culturelles locales :

  • Capacité initiale : Subventions d’investissement (Classe 1, Compte 13)
  • Transmission : Financement de projets artistiques communautaires
  • Bénéficiaire : Artistes locaux et enrichissement culturel de la communauté

9. Technologie pour la santé communautaire :

  • Capacité initiale : Immobilisations incorporelles (Classe 2, Compte 20 — Brevets médicaux)
  • Transmission : Licence ouverte pour développement de solutions médicales abordables
  • Bénéficiaire : Hôpitaux et cliniques améliorant l’accessibilité aux soins pour les populations défavorisées

10. Éducation financière pour la jeunesse :

  • Capacité initiale : Résultat de l’exercice (Classe 1, Compte 12)
  • Transmission : Programmes d’éducation financière dans les écoles
  • Bénéficiaire : Étudiants acquérant des compétences en gestion financière, renforçant leur autonomie future

Chaque proposition met en avant une utilisation stratégique des ressources comptables pour engager des tiers dans des actions qui permettront de maximiser les besoins et les capacités.

Triades séquentielles

Les propositions de valeurs forment-elles des triades séquentielles ?

La notion de “triades séquentielles” peut être interprétée comme une série de trois éléments ou étapes reliés de manière séquentielle, où chaque élément influe sur le suivant pour aboutir à un résultat ou réaliser un objectif spécifique. Bien que ce terme ne soit pas standard dans la logique formelle ou la rhétorique traditionnelle, il capture bien l’essence des propositions ternaires que vous avez décrites. Dans ce contexte, chaque triade séquentielle se compose d’un enchaînement logique et fonctionnel d’éléments (capacité ou besoin individuel ou collectif) qui interagissent pour produire un résultat bénéfique ou atteindre un objectif précis.

Définition de la triade séquentielle

Triade séquentielle : Un modèle de raisonnement ou d’interaction comprenant trois composantes ou étapes (A, B, C) qui s’enchaînent de manière séquentielle, où A influence B, et B à son tour influence C, aboutissant à un résultat spécifique ou réalisant un objectif. Ce modèle met en lumière la nature interdépendante et la progression des étapes ou des éléments impliqués.

Caractéristiques des triades séquentielles

  1. Séquentialité: L’ordre dans lequel les étapes se déroulent est crucial, chaque étape dépendant de la précédente et influençant la suivante.
  2. Interdépendance: Les composantes de la triade sont interconnectées, la modification de l’une pouvant affecter le résultat global.
  3. Orientation vers un objectif: La triade est orientée vers la réalisation d’un résultat spécifique ou la satisfaction d’un besoin.

Exemples réinterprétés comme triades séquentielles

  • Triade 1: Un artisan (A) utilise des infrastructures publiques (B) pour créer des œuvres d’art appréciées par la communauté (C.). Cette triade illustre comment les capacités individuelles, lorsqu’elles sont appliquées dans un cadre collectif, peuvent enrichir la communauté.
  • Triade 2: La curiosité d’un élève (A) motive la création d’une bibliothèque communautaire (B), qui à son tour satisfait les besoins d’apprentissage d’autres élèves (C.). Ici, un besoin individuel initie un projet collectif qui bénéficie à la communauté élargie.

Conclusion

Les propositions formulées ici peuvent être conceptualisées comme des triades séquentielles, un terme qui capture leur structure et leur dynamique. Cette approche souligne non seulement l’importance de chaque élément individuel mais aussi la façon dont ils s’articulent pour créer des systèmes d’échange et d’interaction riches et complexes. En considérant ces propositions comme des triades séquentielles, on met en évidence la nature interconnectée des actions et des besoins dans les systèmes socio-économiques, ainsi que le potentiel pour des résultats synergiques.

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Olivier Rocca
Olivier Rocca

Written by Olivier Rocca

Project leader in Money by Design and Voxcracy who is looking for a better world and work actively each day to realize it.

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